« Est-ce à quelques hommes choisis et rares qu'a été dite cette parole : "Allez et enseignez" (Mt 28,19) ? L'apostolat est-il une particularité dans l'Église catholique, ou est-il une généralité ? Est-ce à ses disciples seulement que le Christ a dit : "Allez et enseignez" ? Non, l'Église tout entière est solidaire de tout ce qui se fait dans l'Église. Il y a communion de tout et en tout entre tous les membres de la famille du Christ. Dire : "Ceci est le devoir de tels chrétiens dans l'Église et n'est pas mon devoir à moi", c'est dire une parole antichrétienne. Saint Pierre, s'adressant aux premiers fidèles, leur disait : "Vous autres, vous êtes la nation sainte, la race élue, le peuple acquis à Dieu, le sacerdoce royal, afin que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière" (1P 2,9). Héritiers de la lumière par nos ancêtres, nous sommes les dispensateurs de la lumière à nos contemporains et à notre postérité. Ce n'est pas seulement pour vous que "le soleil de justice" (Mal 4,2) a été allumé en vous ; c'est pour qu'il éclaire tout autour de vous. Dans la nature, vos yeux mêmes n'ont pas reçu la lumière pour la garder ; ils la réfléchissent. Ils rendent votre âme au dehors, et quiconque veut communiquer avec vous regarde dans vos yeux pour y discerner la lumière qui y est, et par elle cette lumière plus éclatante qui est votre esprit. Vous rayonnez dans tout ce que vous êtes, et par conséquent, si vous avez le rayonnement naturel de vos facultés, de toutes vos puissances, combien plus devez-vous l'avoir dans l'ordre surnaturel ! » R.P. Henri-Dominique Lacordaire (1802-1861), Sermon du 3.05.1850, in Sermons, instructions et allocutions, Tome II, Poussielgue Fr., Paris, 1885. Ci-dessous : Eugène Burnand (1850-1921), "Les disciples Pierre et Jean courant au sépulcre le matin de la Résurrection", Musée d'Orsay, Paris. |
« Amour des âmes - Aimer les âmes à cause de Jésus-Christ, parce qu'Il a donné pour elles tout le sang de ses veines, parce qu'Il a souffert, prié pour elles, parce qu'Il est mort pour leur donner la vie. Connaître les âmes - Acquérir par la connaissance approfondie de ma propre conscience, par l'habitude de la méditation, par la prière, cette science des âmes qui permet de leur faire du bien et de sonder adroitement leurs plaies. Aller aux âmes - Accueillir d'abord celles qui viendront à moi, ne jamais les rebuter, les attirer doucement en leur parlant le langage qu'elles peuvent comprendre sans que ce langage trahisse jamais pourtant les éternelles vérités ; chercher toujours en une âme, sous la ruine apparente de tout, le point encore vivant, la faible étincelle que l'Esprit-Saint peut ranimer. Ne jamais me lasser, me décourager, travailler pour les âmes sans chercher à connaître le fruit de mon labeur ; abandonner à Dieu l'oeuvre de conversion ou de sanctification qu'Il peut Seul accomplir et me considérer comme l'humble instrument aux mains de la Providence, instrument qui sert à des fins qu'il ignore. Aller aux âmes lorsqu'il me semblera que telle est la volonté divine, en toute discrétion et humilité. Me donner aux âmes - Par la prière, la souffrance et la charité ; leur consacrer la meilleure part de ma vie. [...] Faites de moi votre apôtre ; c'est la grâce que je désire pour moi par-dessus tout et que j'implore de Vous, mon Dieu. » Elisabeth Leseur, La vie spirituelle (Petits traités de vie intérieure), Retraite spirituelle de chaque mois (cinquième mois), Paris, J. de Gigord, 1920. |
« Il n'est pas possible de s'engager dans l'apostolat direct si l'on n'est pas une âme de prière. Soyons conscients d'être un avec le Christ, comme il était conscient d'être un avec son Père ; notre activité n'est véritablement apostolique que dans la mesure où nous le laissons travailler en nous et à travers nous avec sa puissance, son désir et son amour. Nous devons parvenir à la sainteté, non pas pour nous sentir en état de sainteté, mais pour que le Christ puisse pleinement vivre en nous. Le don total de nous-mêmes à l'amour, à la foi, à la pureté, est lié au service des pauvres. C'est quand nous aurons appris à chercher Dieu et sa volonté que nos rapports avec les pauvres deviendront un chemin de sanctification pour nous et pour autrui. Aimez prier : au cours de la journée éprouvez souvent le besoin de prier et prenez la peine de prier. La prière dilate le coeur jusqu'à la capacité de ce don que Dieu nous fait de soi-même. Demandez et cherchez, et votre coeur s'agrandira jusqu'à pouvoir l'accueillir et le garder à vous. Devenons un sarment véritable de la vigne Jésus, un sarment qui porte du fruit. Pour cela, acceptons Jésus dans notre vie comme il lui plaît d'y venir : comme Vérité, pour être dite, comme Vie, pour être vécue, comme Lumière, pour être allumée, comme Amour, pour être aimé, comme Chemin, pour être suivi, comme Joie, pour être donnée, comme Paix, pour être répandue, comme Sacrifice, pour être offert, parmi nos parents, nos proches et nos voisins. » Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), La Joie du don, Ed. du Seuil, Paris, 1975. |
« Avant d'être don de soi et pour pouvoir l'être, l'amour est accueil. » P. Benoît Pruche o.p., Histoire de l'homme, mystère de Dieu, DDB, 1961. |