« La Rome païenne célébrait le 25 avril une fête, dite des « Rogations », pour apaiser la déesse de la gelée, Robigo. La fête comportait une procession et un sacrifice. L'Eglise romaine christianisa cette solennité, et désormais ce furent le Christ et les saints qu'on invoqua sur les champs. Les litanies majeures sont donc une supplications pour demander à Dieu de bénir les récoltes et écarter de nous les châtiments mérités par nos péchés. » Présentation des Rogations par les moines bénédictins de l'Abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, in "Missel complet pour la forme extraordinaire du rite romain", Editions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 2013. |
« Le mot Litanie signifie Supplication, et s’entend d’une marche religieuse durant laquelle on exécute des chants qui ont pour but de fléchir le ciel. Ce mot désigne également le cri que l’on y fait entendre : « Seigneur, ayez pitié ! » c’est le sens des deux mots grecs : Kyrie, eleison. Plus tard on a appliqué le nom de Litanies à tout l’ensemble d’invocations qui ont été ajoutées à la suite des deux mots grecs, de manière à former un corps de prière liturgique que l’Église emploie dans certaines circonstances importantes. La Litanie majeure, ou grande Procession, est ainsi nommée pour la distinguer des Litanies mineures, ou processions moindres sous le rapport de la solennité ou du concours... C'est Saint Grégoire le Grand qui fixa cette Procession au 25 avril. Dans le cours de la Procession, on chante les Litanies des Saints, suivies des nombreux Versets et Oraisons qui les complètent. La Messe de la Station (à la Basilique Saint-Pierre) est célébrée selon le rite du Carême, sans Gloria in excelsis et avec la couleur violette. Mais qu’il nous soit permis de protester contre la négligence d’un grand nombre de chrétiens, de personnes même plus ou moins adonnées à la piété, et que l’on ne voit jamais assister à la Procession de Saint-Marc ni à celles des Rogations. Le relâchement sur ce point est à son comble, surtout dans les villes. [...]. La présence du peuple fidèle aux Litanies fait partie essentielle de ce rite réconciliateur, et Dieu n’est pas obligé de prendre en considération des prières auxquelles ne s’unissent pas ceux qui sont appelés à les lui offrir. C’est là un des mille points sur lesquels une prétendue dévotion privée a jeté dans l’illusion beaucoup de personnes. A son arrivée dans la ville de Milan, saint Charles Borromée trouva aussi que son peuple laissait le clergé accomplir seul la Procession du 25 avril. Il se fit une loi d’y assister en personne, et il y marchait nu-pieds. Le peuple ne tarda pas à se presser sur les pas de son pasteur. » Dom Prosper Guéranger (1805-1875), L'Année Liturgique. |
« Remarquons l’équivalence qu’établit le Concile d’Orléans entre les deux termes de Rogations et de Litanies. Ces prières de demande (rogare = demander) prennent en effet dès l’origine en Gaule la forme de litanies. Certes, comme en témoignent les manuscrits médiévaux ou les éditions imprimées des processionnaux, on chantait en France des psaumes et des antiennes pendant ces processions, mais le cœur des prières employées pour supplier Dieu à cette occasion et ce qui frappait le plus les esprit du peuple consistait en des litanies. La même équivalence sémantique a perduré depuis 511 jusqu’à nos jours dans le rit romain – qui accueillera sous le pape saint Léon III (†816) les cérémonies des Rogations -, puisqu’on les y désigne également sous le nom de Litanies mineures. Dans la liturgie romaine, rien ne distingue dans leur forme liturgique les processions des Rogations ou Litanies mineures, de celle qui a lieu le 25 avril en la fête de saint Marc, les litanies majeures, instituées elles par saint Grégoire le Grand. » Source : Liturgia (Liturgie & musique sacrée traditionnelles). |