« La Vierge Marie a fermé les yeux Et voilé son coeur de ses deux paupières pour ne plus rien voir, pour entendre mieux Un souffle qui fait trembler ses prières... Un frisson le long du petit jardin A couru... Qui vient ? La feuille nouvelle ? Qui passe ?... Un oiseau sort du ciel. Soudain, La graine des champs les sent partir d'elle. Le vent sur le toit vient de rencontrer Dessus, un oiseau que l'azur apporte. Qui vole ?... Le ciel a poussé la porte, La porte a chanté, un Ange est entré. Un Ange a parlé tout bas dans la chambre. Toi seule, ô Marie, entends ce qu'il dit, Toi seule dans l'ombre et le Paradis. Il a semé Dieu tout grand dans tes membres. Je ne l'ai pas vu. Mais en s'en allant, - J'étais sur le pas ému de la porte - Il a laissé choir dans mon coeur tremblant Un grain murmurant du Verbe qu'il porte. Il a fait tomber à la place en moi La plus ignorée et la plus profonde, Un mot où palpite on ne sait quoi, Un mot dans mon sein pour le mettre au monde. Ah ! comment un mot sortira-t-il bien De moi que voilà qui suis peu savante ? Mais le Saint-Esprit - je suis sa servante - S'Il veut qu'il me naisse y mettra du sien. ...................................... La Vierge Marie est dans son bonheur. La Vierge Marie est là qui se noie Dans le miel de Dieu. L'épine est en fleur Autour du jardin, autour de ma joie. Il y a dans toi, Vierge, un petit Roi, Ton petit enfant, un Dieu ! Trois ensemble ! Et nul ne s'en doute. Il y a dans moi Un petit oiseau dont le duvet tremble... » Marie Noël, Le Rosaire des joies ("Annonciation", extrait), Crès, 1930. |
« Ce qui est intéressant, c'est que tout effort par lui-même est une victoire. On ne vous demande pas le succès, mais l'effort. L'effort, c'est de l'amour. » Révérend Père Crété, s.j., Pensées, Imprimerie catholique de Flers, 1946. |