« La suite de Jésus, la "sequela Christi", est un thème cher à la Tradition de l'Eglise. Jésus, dans les Evangiles, appelle inlassablement : "Venez à ma suite... toi, suis-moi..." (Mc 1,17...). Cet appel retentira dans l'histoire de l'Eglise jusqu'à la fin des temps ; il est pour chacun de nous aujourd'hui, au coeur de l'Evangile... Pourquoi est-il si important de suivre Jésus ? Simplement parce que c'est la seule manière d'avoir le coeur libre et de ne pas se laisser récupérer par le "monde" avec ses séductions omniprésentes et dégradantes pour l'être. La ligne générale nous est donnée : mourir à soi-même pour revivre avec Lui... Suivre Jésus, c'est d'abord répondre à un appel. il ne s'agit pas de faire une démarche aveugle et fondée sur le vouloir propre ; en cela suivre Jésus n'est pas une démarche d'origine personnelle ; appliquer la formule "mettre ses pas dans les pas de Jésus" suppose un réel discernement ; trop de chrétiens se découragent parce qu'ils ont essayé et ont échoué, il se sont découragés... Il y a une manière purement extérieure de suivre Jésus, de type moraliste, qui n'est pas juste ; certes il est souhaitable d'imiter Jésus en tout, de calquer notre comportement sur le sien. Mais il n'est pas juste de choisir de faire quelque chose "pour" lui, en demandant l'aide de sa grâce au lieu de se "laisser faire", de demander à la grâce d'agir en nous... Cette dernière démarche n'est plus morale mais spirituelle. ELle suppose une relation ou au moins le désir d'une relation avec Jésus... Entendre l'appel suppose un goût réel pour la prière, mais cela ne suffit pas, il faut également désirer faire la volonté de Dieu, comme le Fils : "Je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté" (Hb 10,7). Ce point est déterminant. Les chrétiens qui tournent en rond dans leur vie spirituelle doivent toujours s'interroger sur ce point, même s'ils prient beaucoup et sont au service du prochain, en méditant cette Parole : "Il ne suffit pas de me dire Seigneur, Seigneur ! pour entrer dans le Royaume des Cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux" (Mt 7,21)... Choisir de suivre Jésus suscite des résistances intérieures et extérieures, parfois tout notre être se révolte lorsque notre nature suscite incompréhension voire hostilité dans notre entourage et nos rencontres... Comprenons bien que notre nature, l'esprit du monde et parfois le malin (moins souvent qu'on ne le croit selon Ste Thérèse d'Avila notamment) s'opposent à notre désir de Dieu : il y a en nous quelque chose qui dit "non" ; que de désordres spirituels demeurent chez ceux qui ont oublié ou ignoré cette réalité à discerner. Demandons à l'Esprit sa force et à Jésus qu'il libère en nous son énergie de ressuscité, sa puissance de résurrection (Phil 3,10) et soyons attentifs à notre appel : toi, suis-moi". » Xavier Desjeux, L'éveil du coeur ou du sens spirituel de la Parole (7), Parole et Silence, 2005. |