La Louange des Clochers « Vous nous faites un don encor plus salutaire : Sans vous, ô bons clochers, combien de pauvres gens Vivraient le front toujours abaissé vers la terre, Limitant leurs désirs aux bornes de leurs champs. Asservis aux labeurs que la glèbe réclame, Portant leurs jours ainsi qu'un éternel fardeau, Sans vous, hélas ! combien désapprendraient leur âme Et que leurs yeux sont faits pour regarder en haut ! Mais votre voix s'élève, et, trois fois la journée, Elle rappelle à ceux qui peinent pour le pain Que la tâche ici-bas saintement terminée Reçoit, dans l'autre vie, un salaire divin. Ainsi vous conservez à ceux dont les mains rudes Dirigent la charrue et tiennent l'aiguillon L'instinct de l'invisible et la saine habitude De relever la tête au bout de leur sillon. Si le peuple des champs garde sous ses paupières Une clarté qui fait la beauté de ses yeux, C'est qu'à son horizon vous restez en prière Et que vous ne cessez de lui parler de Dieu. » Louis Mercier, Les Pierres sacrées, Paris, Calmann-Lévy, 1922 (1ère éd. Lyon, Lardanchet, 1920). |