« Ce qui me frappe dans la physionomie de la cupidité contemporaine, c'est son caractère d'universalité. Les ambitions cupides, les spéculations folles, les rêves de fortune sans travail ne sont plus, dans notre société, un fait isolé ; c'est le mouvement universel des générations nouvelles. Depuis le pauvre jusqu'au millionnaire, depuis le simple ouvrier jusqu'au spéculateur de profession, depuis la chaumière jusqu'au palais, depuis les derniers rangs de la hiérarchie sociale jusqu'à ses plus grandes hauteurs, il y a comme un vent de cupidité qui traverse toutes les âmes. Le bruit de l'argent remplit et enivre les multitudes. L'argent déborde dans les discours, dans les livres et les conversations. L'argent est au fond de tous les rêves, l'argent est au bout de toutes les carrières, l'argent est au faîte de tous les honneurs. Le langage lui-même se transforme au contact de la spéculation et de l'agiotage ; et, à voir la tendance générale qui nous emporte à la conquête de la fortune, on ne dirait plus un peuple de lettrés, de savants, d'artistes et de guerriers ; on dirait un peuple de gagneurs d'argent. » R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Quatrième conférence : la cupidité obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d. |