« La langue, comme dit l'Apôtre S. Jacques, est un mal que l'on ne peut retenir, elle est pleine d'un venin mortel, elle a porté la guerre parmi plusieurs qui jouissaient de la paix. La langue est comme la main, qui donne la vie et la mort. Que chacun soit donc prompt à écouter, et lent à parler : en sorte qu'avant que d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose ou pour répondre, on fasse réflexion sur une de ces trois choses, ou s'il est à propos de parler, ou si Dieu en sera glorifié, ou si ceux qui nous écoutent y trouveront la paix. Le Sage dit que le coeur des insensés est dans leur bouche, et que la bouche des sages est dans leur coeur (Eccl. 21). C'est pourquoi, que celui qui désire d'être estimé sage aux yeux des hommes pour la gloire de Dieu, s'abstienne de parler beaucoup, et qu'il ne mêle rien dans ses discours qui mérite d'être repris. Car celui qui ne fait point de faute en parlant, dit l'Apôtre S. Jacques, est un homme parfait (Jac. 30). Qu'il prenne aussi bien garde de ne pas blesser ou de ne pas troubler personne par ses paroles, de peur qu'elles ne soient plutôt des verges que des paroles. Qu'il ait perpétuellement le mensonge en horreur. Qu'il ne sorte jamais des bornes de la justice et de la vérité, lorsqu'il loue ou qu'il blâme quelqu'un, parce que l'un et l'autre est également dangereux ; car si l'excès des louanges fait passer celui qui les donne pour flatteur, le blâme excessif le fait estimer envieux et téméraire. Qu'il évite les paroles piquantes aussi bien quand il corrige que quand il instruit, et que ses discours soient toujours accompagnés de modération et de douceur. Qu'il soit concis, circonspect, véritable, et modeste dans ses paroles. Qu'il s'accoutume à traiter avec respect ceux qui sont présents, et à dire du bien des absents. Qu'il ne s'emporte point en des plaintes et en des querelles. Qu'il cède autant qu'il est possible au sentiment des autres, et qu'il ne s'y oppose que par son silence, si le devoir de la charité fraternelle ne l'oblige de les instruire. Enfin qu'il mette en oubli toutes les choses qui méritent d'être oubliées, de même que s'il ne les avaient jamais sues. » Jean Tauler (v.1300-1361), Les Institutions de Thaulère (Chap. XXVII), Traduction nouvelle, Troisième édition, A Paris, Chez Guillaume Desprez, 1681 (1ère éd. française chez Jacques Rezé, Paris, 1598). |
La Messe basse a toute une histoire. En effet une première version de cette messe fut écrite pour le village de Villerville, en Normandie, en 1881, en collaboration avec André Messager. En 1907, lors de l'édition, le Gloria fut supprimé, le Kyrie de la plume de Messager fut remplacé par un Kyrie de Fauré lui-même. Celui-ci s'était montré tout heureux d'avoir mis sur pied cette messe avec une chorale d’adultes qui le changeait de la Maîtrise d'enfants dont il disposait à la Madeleine. Voici ce qu'il écrit en septembre 1882 : "J'ai fait un long et très agréable séjour à Villerville chez mes amis Clerc. J'ai trouvé là un groupe de très bons musiciens et quelques jolies voix [de femme], et de cet ensemble de bonne volonté est résultée l'exécution d'une petite Messe de ma composition avec accompagnement d'un petit orchestre. Malgré la gaîté des répétitions, ou peut-être à cause de la gaîté des répétitions, l'exécution a été excellente et cette maîtrise improvisée, aussi jolie à voir qu'agréable à entendre m'a un peu reposé de ma sévère Madeleine !" (Gabriel Fauré. Correspondance présentée et annotée par Jean-Michel Nectoux, édition Flammarion, 1980). Source : Gabriel Fauré et la musique religieuse. Voir aussi : La "Messe des pêcheurs de Villerville". |