« Allez simplement et avec confiance. Il n'y a pour vous que Dieu et vous en ce monde ; tout le reste ne vous doit point toucher, sinon à mesure que Dieu le vous commande et comme il le vous commande. Je vous prie, ne regardez pas tant ça et là, tenez votre vue ramassée en Dieu et en vous. Vous ne verrez jamais Dieu sans bonté, ni vous sans misère, et verrez sa bonté propice à votre misère et votre misère objet de sa bonté et miséricorde. Ne regardez donc rien que cela, j'entends une vue fixe, arrêtée et expresse, et tout le reste en passant. Partant, n'épluchez guère ce que font les autres ni ce qu'ils deviendront, mais regardez-les d'un oeil simple, bon, doux et affectionné. Ne requérez pas en eux plus de perfection qu'en vous, et ne vous étonnez point de la diversité des imperfections, car l'imperfection n'est pas plus imperfection pour être plus extravagante et étrange. » Saint François de Sales (1567-1622), Lettre CLXXIV du 16 janvier 1603, in "Anthologie mystique", FAC - Centre Saint Jean de la Croix, 1999. |
« "Je pourrais tirer gloire de tout cela, mais je préfère bien volontiers me glorifier dans ma faiblesse, afin qu'habite en moi la force du Christ." Voilà le mot de l'humilité. Ce n'est ni dans ses talents, ni dans ses œuvres multiples, ni dans les souffrances endurées, les travaux accomplis, les dons reçus, mais dans ses infirmités et dans ses faiblesses, que saint Paul se glorifie. Nie-t-il donc ses bonnes œuvres ? Au contraire, il en trace le tableau comme nul apôtre ne l'a jamais fait, mais il en renvoie la gloire à Dieu : "La grâce de Dieu a travaillé avec moi ; elle n'a pas été vaine en moi, cette grâce, mais sans elle je n'aurais rien pu faire." Fait-il fi des dons de Dieu ? Oh ! non : "Pour nous, dit-il, nous avons reçu l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les dons que Dieu nous a faits par sa grâce." Nous devons nourrir les mêmes sentiments que le grand apôtre : nous glorifier de nos faiblesses, parce qu'elles sont un titre à la miséricorde de Dieu. C'est là l'humilité : faire valoir aux yeux de Dieu, notre misère, notre faiblesse ; pour cela, les connaître, les étaler devant Dieu. L'humilité élargit l'abîme de notre faiblesse, pour que la grâce du Christ surabonde en nous. » Bienheureux Columba Marmion (1858-1923), Le Christ, idéal du moine, Maredsous - Desclée de Brouwer, Paris, 1939. |
« Vous aimez St Augustin, Ste Madeleine, ces âmes auxquelles "Beaucoup de péchés ont été remis parce qu'elles ont beaucoup aimé". Moi aussi je les aime, j'aime leur repentir, et surtout… leur amoureuse audace ! Lorsque je vois Madeleine s'avancer devant les nombreux convives, arroser de ses larmes les pieds de son Maître adoré, qu'elle touche pour la première fois ; je sens que son cœur a compris les abîmes d'amour et de miséricorde du Cœur de Jésus, et que toute pécheresse qu'elle est ce Cœur d'amour est non seulement disposé à lui pardonner, mais encore à lui prodiguer les bienfaits de son intimité divine, à l'élever jusqu'aux plus hauts sommets de la contemplation. Ah ! mon cher petit Frère, depuis qu'il m'a été donné de comprendre aussi l'amour du Cœur de Jésus, je vous avoue qu'il a chassé de mon cœur toute crainte. Le souvenir de mes fautes m'humilie, me porte à ne jamais m'appuyer sur ma force qui n'est que faiblesse, mais plus encore ce souvenir me parle de miséricorde et d'amour. Comment lorsqu'on jette ses fautes avec une confiance toute filiale dans le brasier dévorant de l'Amour, comment ne seraient-elles pas consumées sans retour ? » Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus (1873-1897), Lettre à l'Abbé Bellière, 21 juin 1897 (LT 247). |
« La miséricorde de Dieu descend toujours plus bas que ne tombe la misère de l'homme. » Gustave Thibon (1903-2001). |