« Nous ne connaissons pas assez le prix du trésor que porte tout vrai chrétien dans un vase d'argile. Nos yeux de chair ne voient que le vase ; nous oublions que la grâce sanctifiante, qui est en nous, est la vie éternelle commencée (cf. S. Thomas IIa IIac q24). Nous oublions pratiquement qu'elle est une participation réelle et formelle de la vie intime de Dieu, et qu'un jour elle doit absolument ou mourir à jamais en nous, ou s'épanouir dans la gloire, en nous faisant voir Dieu comme Il se voit et l'aimer comme Il s'aime. Telle est notre destinée, et finalement il n'y a pour chacun de nous qu'une alternative inévitable : vie éternelle ou mort éternelle. C'est là notre richesse et notre noblesse : par la grâce nous sommes de Dieu, nés de Dieu (Jn 1,13), et dès ici-bas notre vie surnaturelle est la même en son fond que celle du ciel, comme la vie végétale cachée dans le gland est la même que celle du chêne vigoureux qui en provient, comme la vie intellectuelle qui sommeille encore dans l'enfant est la même que celle de l'homme adulte arrivé au plein développement de sa raison. Cette grâce sanctifiante déifie notre âme et d'elle dérivent nos facultés, pour les surélever, les vertus surnaturelles, surtout les vertus théologales, la foi, l'espérance et la charité, dont la dernière doit durer éternellement. [...] Cette vie surnaturelle chez beaucoup de chrétiens reste comme anémiée, sans force, sans rayonnement, parce que, trop absorbés par les choses terrestres, c'est à peine s'ils élèvent de loin en loin leur intelligence et leur coeur vers Dieu, au lieu de vivre avec Lui, comme avec l'hôte intérieur, le Père et l'ami plus intime à nous que nous-mêmes. Dans l'âme des saints au contraire cette vie surnaturelle apparaît dans toute son énergie, et c'est elle surtout que nous devons considérer en eux, beaucoup plus que les dons extraordinaires, miraculeux et inimitables par lesquels leur sainteté est manifestée au dehors. » P. Rég. Garrigou-Lagrange o.p., Perfection chrétienne et Contemplation selon S. Thomas d'Aquin et S. Jean de la Croix (tome 1, ch. IV art.3), Editions de la Vie spirituelle, Saint-Maximin, 1923. |
« Béni soit celui qui a préservé du désespoir un coeur d'enfant ! » Georges Bernanos (1888-1948), Journal d'un curé de campagne, Editions Plon, Paris, 1936. |