« A notre surprise, ce bonheur du Royaume, annoncé par Jésus, est presque toujours lié, à travers ses symptômes, soit à quelque disgrâce d'ici-bas : la pauvreté, les larmes, la faim et la soif, les persécutions ; soit à des attitudes qui, en ce monde, ne sont guère « payantes » comme on dit : la douceur, la miséricorde, le ministère de la réconciliation, des attitudes qui se retournent même souvent contre celui qui pense devoir les adopter. C'est comme si le Royaume de Jésus ne se laissait entrevoir qu'à travers un certain creux de l'existence humaine, à travers un vide qui attend d'être comblé, comme s'il se tenait dissimulé derrière un sentiment de dénuement, de besoins, qu'au premier abord nous n'arrivons pas à bien identifier. […] D'apercevoir ces signes au fond de son cœur, de sentir à quel point l'on est pauvre et faible et que sans Jésus l'on ne peut rien, c'est là la grâce des grâces. C'est la vraie pauvreté, notre seule richesse, dont l'avenir du Royaume dépend : "Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux." » Dom André Louf, Heureuse faiblesse – Homélies pour les Dimanches de l'Année A, 4° dimanche du Temps ordinaire, Paris, Desclée de Brouwer, 1998. |
« Notre pauvreté doit être lucidement acceptée et aimée. Cela n'est pas si facile. Il n'est pas facile d'accepter l'incapacité de notre esprit à saisir Dieu, l'immense distance entre nos concepts les plus élevés et son mystère infini de lumière. Il n'est pas facile de renoncer à toute prétention, à toute autosuffisance, à une valeur personnelle qui viendrait de nous, à nos « droits » devant Dieu. Nous sommes même préparés à fournir des efforts énormes pour paraître justes devant Dieu, d'une justice qui viendrait seulement un peu de nous. Un des côtés les plus difficiles de la foi est de reconnaître que cette justice à nous n'est qu'une balayure, selon l'expression énergique de saint Paul (voir Ph 3, 8), et que c'est le Christ qui est notre justice et notre sainteté – le Christ seul. […] La pauvreté, dans la vérité de sa nudité, n'est autre chose que la pureté qui ne veut que l'Amour ; qui ne veut rien opposer, même pas soi-même, devant la munificence infinie de l'Amour divin ; qui ne veut rien être d'autre que la transparence de cet Amour, comme une vitre sans défaut, qui laisse passer la lumière sans changement ni diminution, sans détourner le plus petit rayon par quelque imperfection. » Le chemin du vrai bonheur, par un Chartreux, Presses de la Renaissance, Paris, 2002. |
« J'adorais Notre-Seigneur présent sur l'autel pendant le salut, et je vis intérieurement un grand fleuve de feu qui sortait de son Coeur adorable, et courait en se répandant vers les âmes de tous ceux qui étaient là. Et de plusieurs âmes, il sortait un courant d'amour qui remontait jusqu'au Coeur de Jésus. Mais, dans un grand nombre, ce courant était si faible qu'il ne pouvait remonter. Et je vis que Jésus élargit mon coeur de sorte que le courant d'amour qui en sortit servît d'intermédiaire pour relier ces âmes au Coeur de Jésus. Un peu plus tard, dans la même oraison, Notre-Seigneur me dit avec une grande tendresse : "Mon Coeur est une source toujours jaillissante ; le tien est une vasque solitaire et ombragée où découle cette eau bienfaisante ; et l'abondance de cette eau la fait déborder et s'infiltrer dans la terre environnante pour l'enrichir. Et il faut que mon Coeur se déverse ainsi dans le tien." O Seigneur, faites que mon coeur soit bien réellement cette vasque ignorée qui ne puisse refléter que votre bien aimée image, ainsi que l'eau dans le creux du rocher élevé ne peut renvoyer que l'image du ciel. » (8 octobre 1882) Mathilde Bertrand (1844-1908), in Journal spirituel de Lucie Christine (1870-1908), Publié par Aug. Poulain, Gabriel Beauchesne, Paris, 1910. |
« Nous sommes tous des pauvres devant Dieu. » Bienheureuse Mère Teresa (1910-1997), Tu m'apportes l'amour, Ed. du Centurion, 1975. |