« A l'évidence, la vie dans le Christ concerne non seulement le futur, mais accompagne dès à présent les saints qui vivent et agissent selon elle. Il y a d'un côté ce qui vient de Dieu, de l'autre ce qui vient de notre ferveur personnelle ; le premier est l'oeuvre propre de Dieu, l'autre réclame aussi notre générosité ; ou plutôt, ce que nous avons à apporter pour notre part, ce n'est rien d'autre que d'accueillir la grâce, de ne pas livrer le trésor (Mt 13,44), de ne pas éteindre la lampe déjà allumée (Mt 25,8), autrement dit de n'introduire en nous rien qui soit contraire à la vie, ni rien qui engendre la mort. Voici en quoi consistent pour l'homme tout bien et toute vertu : ne pas diriger le glaive contre soi-même, ne pas fuir le bonheur, ne pas faire tomber de sa tête les couronnes. De son côté, le Christ présent sème lui-même de manière ineffable la vie en nos âmes comme notre fonds, car il est présent en vérité et assiste les prémices de la vie, que lui-même nous a fournies en séjournant parmi nous ; cependant il est présent non pas comme la première fois, en partageant notre genre de vie, nos entretiens et nos occupations, mais d'une autre façon, meilleure et plus parfaite, qui fait que nous devenons avec lui un seul corps, une seule vie, ses membres, son corps et tout ce qui s'ensuit. » Nicolas Cabasilas (1322-1397), La vie en Christ, I (15-17), Trad. M.H. Congourdeau, SC n°355, Le Cerf, Paris, 1989. |