« Que peux-tu vouloir de plus, ô âme, et que cherches-tu de plus en dehors de toi, alors qu'au-dedans de toi tu as tes richesses, tes délices, ta satisfaction, ton rassasiement et ton royaume, c'est-à-dire ton Bien-Aimé que désire et recherche ton âme ? Puisque tu le possèdes si proche, réjouis-toi et sois dans l'allégresse avec lui en ton recueillement intérieur ; désire-le là, adore-le là et ne vas pas le chercher loin de toi car tu te distrairais et tu te fatiguerais et tu ne le trouverais ni n'en jouirais plus sûrement, ni plus rapidement, ni plus intimement qu'en toi-même. [...] Donc, étant donné que ton Epoux bien-aimé est le trésor caché dans le champ de ton âme, pour lequel le sage marchand a donné tous ses biens (Mt 13, 44), il te faudra, pour le trouver, oublier tout ce qui t'appartient, t'éloigner de toutes les créatures, te cacher dans la retraite intérieure de ton esprit et, fermant sur toi la porte, c'est-à-dire renonçant à ta volonté en toutes choses, prier ton Père dans le secret (Mt 6, 6). Ainsi, restant cachée en lui, tu le sentiras alors en secret, tu l'aimeras et tu en jouiras en secret, et tu prendras plaisir avec lui en secret, c'est-à-dire au-delà de toute parole et de tout sentiment. Courage donc, ô belle âme ! Puisque tu sais maintenant que le Bien-Aimé que tu désires demeure caché en ton sein, efforce-toi de rester bien cachée avec lui, et dans ton sein tu l'étreindras et tu le sentiras avec un tendre amour. » St Jean de la Croix, Cantique spirituel B, strophe 1, § 8-10, trad. Françoise Aptel et Marie-Agnès Haussièttre (Providence de la Pommeraye), Jean-Pierre Thibaut, carme, Cerf, 1995. In François Huguenin, "Les voix de la foi", Perrin, collection tempus, 2012. |