« - Je vous en prie, père vénérable, expliquez-moi ce qu'est la prière intérieure perpétuelle et comment on peut l'apprendre : je vois que vous en avez une expérience profonde et sûre. [...] - La prière de Jésus intérieure et constante est l'invocation continuelle et ininterrompue du Nom de Jésus par les lèvres, le coeur et l'intelligence, dans le sentiment de sa présence, en tout lieu, en tout temps, même pendant le sommeil. Elle s'exprime par ces mots : "Seigneur Jésus-Christ, ayez pitié de moi !" Celui qui s'habitue à cette invocation ressent une grande consolation et le besoin de dire toujours cette prière ; au bout de quelque temps, il ne peut plus demeurer sans elle et c'est d'elle-même qu'elle coule en lui. [...] Comment on apprend la prière, nous le verrons dans ce livre. Il s'appelle la Philocalie. Il contient la science complète et détaillée de la prière intérieure perpétuelle exposée par vingt-cinq Pères ; il est si utile et si parfait qu'il est considéré comme le guide essentiel de la vie contemplative... [...] Je prit ma Philocalie, cherchai un passage de Pierre Damascène dans la troisième partie, à la page 48, et lus ce qui suit : "Il faut s'entraîner à invoquer le Nom du Seigneur, en tout temps, en tout lieu et en toute occasion. L'Apôtre dit : Priez sans cesse ; il enseigne par là qu'il faut se souvenir de Dieu en tout temps, en tout lieu et en toutes choses. Si tu fabriques quelque chose, tu dois penser au Créateur de tout ce qui existe ; si tu vois la lumière, souviens-toi de Celui qui te l'a donnée ; si tu considères le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, admire, et glorifie Celui qui les a créés ; si tu te couvres d'un vêtement, pense à Celui dont tu le tiens et remercie-Le, Lui qui pourvoit à ton existence. Bref, que tout mouvement te soit motif à célébrer le Seigneur, ainsi tu prieras sans cesse et ton âme sera toujours dans la joie." Voyez comme ce procédé est simple, facile et accessible à tous ceux qui ont le moindre sentiment humain. » Récits d'un pèlerin russe, traduits par Jean Gauvin, 1er et 4ème récit, Collection des Cahiers du Rhône - Série blanche, Editions de la Baconnière, Neuchâtel, 1943. |
« La prière de Jésus est si simple qu'il n'est pas nécessaire de l'apprendre pour s'en servir... Beaucoup vaquent à leur travail habituel en répétant cette prière. Ni le travail de ménage, ni le travail des champs, ni le travail de l'usine ne sont incompatibles avec elle. Il est aussi possible, quoique plus difficile, de joindre à cette prière continue des occupations intellectuelles. Elle préserve de beaucoup de pensées et paroles vaines ou peu charitables. Elle sanctifie le labeur et les rapports quotidiens... Après un certain temps, les mots de l'invocation semblent d'eux-mêmes venir aux lèvres. Ils introduisent de plus en plus dans la pratique de la présence de Dieu... Les mots semblent graduellement s'évanouir. Une veille silencieuse qu'accompagne une paix
profonde du coeur et de l'esprit se manifeste à travers le tumulte de la vie de tous les jours... Le Nom de Jésus peut devenir une clef mystique qui ouvre le monde, un instrument d'offrande de chaque chose et de chaque personne, une apposition du sceau divin sur le monde. Peut-être serait-ce ici le lieu de parler du sacerdoce de tous les croyants. En union avec notre Grand-Prêtre, nous implorons l'Esprit : "fais de ma prière un sacrement". » Nadejda Gorodetzky, citée par E. Behr-Sigel in "La douloureuse joie", Spiritualité orientale n°14, Abbaye de Bellefontaine , 1974. |
« Pour être en mesure de prier, nous avons besoin d'un cœur limpide. Avec un cœur limpide, il est possible de voir Dieu. La prière donne un cœur limpide. Tel est le commencement de la sainteté. La sainteté n'est pas un luxe réservé à quelques-uns, c'est un don simple offert à vous comme à moi. Où commence la sainteté ? Dans nos cœurs. C'est pourquoi nous avons besoin d'une prière continuelle pour garder nos cœurs limpides, car le cœur limpide devient le tabernacle du Dieu vivant. […] Laisser l'amour de Dieu prendre entière et absolue possession d'un cœur ; que cela devienne pour ce cœur comme une seconde nature ; que ce cœur ne laisse rien entrer en lui qui lui soit contraire ; qu'il s'applique continuellement à accroître cet amour de Dieu en cherchant à lui plaire en tout et en ne lui refusant rien de ce qu'il demande ; qu'il accepte comme venant de la main de Dieu tout ce qui lui arrive ; qu'il prenne la ferme résolution de ne jamais commettre de faute délibérément et sciemment ou, s'il fait une chute, d'en demander pardon et de se relever tout de suite. Un tel cœur priera continuellement. La connaissance de Dieu produit l'amour et la connaissance de soi produit l'humilité. L'humilité n'est rien d'autre que la vérité. […] La connaissance de nous-mêmes nous met à genoux. Changez vos cœurs… Pas de conversion sans changement du cœur : Changer de lieu n'est pas la solution ; Changer d'activité n'est pas la solution. La solution est de changer nos cœurs. Et comment les changeons-nous ? En priant. » Bienheureuse Mère Teresa (1910-1997), La prière, fraîcheur d'une source, Paris, Bayard, 2003. |
« La prière est d'autant meilleure que les regards de l'âme sont chargés de plus d'amour. » Bienheureux Charles de Foucauld, Ecrits spirituels, Gigord, 1957. |