« Je dois avertir chacun de vous à propos de sa vigne : qui en effet a jamais retranché en lui-même tout le superflu au point qu'il puisse penser ne plus rien avoir à tailler ? Croyez-moi, ce qui est taillé repousse, les vices chassés reviennent et l'on voit se réveiller les tendances endormies. Il ne suffit donc pas de tailler sa vigne une seule fois, mais il faut s'y remettre souvent, et même si possible, sans arrêt. Car, si vous êtes sincères, c'est sans arrêt qu'on trouve en soi quelque chose à tailler… La vertu ne peut pas croître parmi les vices ; pour qu'elle puisse se développer, il faut empêcher ceux-ci de prendre de l'ampleur. Supprime donc le superflu, alors ce qui est nécessaire pourra surgir. » Saint Bernard (1091-1153), Sermon 58 sur le Cantique des cantiques. |
« Jésus trouve beaucoup d'amateurs de son royaume céleste, mais peu de porteurs de sa croix. Il trouve beaucoup de compagnons de sa table, mais peu de son abstinence. Tous veulent la joie avec le Christ, mais peu veulent supporter quelque chose pour lui. Beaucoup suivent Jésus jusqu'à la fraction du pain, mais peu jusqu'à boire le calice de la Passion. Beaucoup vénèrent ses miracles, mais peu le suivent jusqu'à l'ignominie de la croix. Beaucoup aiment Jésus tant qu'il ne leur arrive aucune adversité. Beaucoup le louent et le bénissent tant qu'ils reçoivent de lui quelque consolation ; mais dès qu'il se cache et les laisse un peu à eux-mêmes, voilà qu'ils tombent dans les revendications et un excessif abattement. Mais ceux qui aiment Jésus pour Jésus et non pour quelque consolation personnelle, le louent et le bénissent dans la tribulation et l'angoisse du coeur, autant que dans la plus grande consolation. » Imitation de Jésus-Christ, II, 11. |
La légende du Rouge-Gorge On peut croire ou non aux légendes : chacune a sa part de rêve et de poésie. Celle du Rouge-gorge se rattache à la mort de Jésus. En ce temps là, ce n'était qu'un modeste oiseau au plumage brunâtre. Le jour de la Passion, il s'approcha bravement du supplicié sur sa croix ; de ses ailes, il essuya les larmes du Christ ; de son bec, il arracha les épines qui lui blessaient la tête, lorsqu'une goutte de sang tomba sur sa gorge, colorant à jamais son humble plumage. On pourra certes épiloguer sur la véritable couleur de cette tache. Inutile de chercher bien loin : le terme "orange-gorge" sonne mal ! Du coup, notre oiseau se voit crédité d'une coloration qu'il ne porte pas mais qui corrobore ce que dit la légende. |