« Assurément, l'esprit doué de raison est si noble, qu'aucun bien passager ne peut le satisfaire. En effet, il ne peut être heureux ni comblé dans les choses qui lui sont inférieures ; or, le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'il y a de visible et de sensible lui est inférieur. C'est pourquoi, seul le Dieu créateur (qui est incomparablement meilleur et plus digne que lui) peut le rendre content et heureux. Errant sans repos, affamé et sans nourriture, l'homme est égaré tant qu'il ne serre pas parfaitement des bras de la charité, celui qu'il ne peut pas ne pas convoiter du fait de sa dignité. Toutes les richesses, toutes les délices peuvent bien lui être données, il peut bien être comblé d'honneurs, il ne peut être satisfait, si ce n'est en obtenant Dieu par le contact de l'amour. Et une fois qu'il l'a trouvé en la part la plus excellente de lui-même (c'est-à-dire dans l'esprit supérieur), il dit volontiers avec le psalmiste : "Il est bon pour moi de m'attacher à Dieu". Et il dit avec le bienheureux Job : "Je mourrai dans mon petit nid, et comme le palmier je multiplierai mes jours". Désormais, il ne cherche plus aucune consolation extérieure, car il est attaché intérieurement à celui qui est un torrent et un océan de voluptés inestimables, une plénitude débordante de tout ce qu'il y a de beau, d'agréable, de doux, de précieux et de désirable, et qui peut plaire au coeur de l'homme. » Louis de Blois (1506-1566), Institution spirituelle, Présentation, traduction et notes par Max Huot de Longchamp, Editions du Carmel - Paroisse et Famille, 2004. |
« Un chrétien doit aimer Dieu et son prochain, l'image de Dieu, avec tant de ferveur et de profondeur qu'il puisse toujours dire : "Qui nous séparera de l'amour du Christ" et de notre prochain ? "La tribulation, l'angoisse ou la persécution, la faim, la nudité, le péril, le glaive" (Rm 8,35), l'argent, le plaisir de boire et de manger, une demeure luxueuse, les préoccupations d'élégance, les divers plaisirs de ce monde ? Mais je regarde toutes les choses du monde comme déchet, et les plaisirs du monde comme chimère. Les défauts de mon prochain, je les mets au compte de la nature déchue, de l'action ou des artifices des mauvais esprits, de la mauvaise éducation ou du manque d'éducation, des conditions de vie défavorables, du tempérament de ses parents ou de ses éducateurs. Connaissant bien mon propre penchant au péché, ma propre malice, ma cupidité, mon impureté, ma propre faiblesse, je ne puis haïr des hommes pareils à moi, qui ont les mêmes faiblesses que moi, les mêmes vices ; car je dois aimer mon prochain comme moi-même, et, bien que me sachant coupable d'innombrables péchés, je m'aime. Pour tout dire, je dois l'aimer car nous sommes un seul corps. Rappelle-toi que si tu purifies ton coeur, tu obtiendras une récompense infinie : tu verras Dieu. La purification est un labeur très difficile, car elle ne va pas sans de grands renoncements et sans souffrance. Aussi la récompense est grande. "Bienheureux les coeurs purs, car ils verront Dieu (Mt 5,8). » Saint Jean de Cronstadt (1829-1908), Ma vie en Christ, Spiritualité orientale n°27, Abbaye de Bellefontaine, 1979. (Le Père Jean a été canonisé par l'Eglise synodale russe le 1er novembre 1964) |
« Prépare, Dieu que j'aime, prépare en moi, ô tendre Maître, une demeure agréable à tes yeux, afin que, selon la promesse de ta sainte parole, tu viennes vers moi, tu viennes prendre en moi ton repos. Fais mourir en moi tout ce qui déplaît à tes yeux, et daigne m'accorder d'être en tout selon ton Coeur. Blesse, Seigneur, le plus intime de mon âme avec les flèches de ton amour, et enivre-la avec le vin de ta parfaite charité. Oh ! quand viendra ce fortuné moment ? quand me sera-t-il donné de te plaire en toutes choses ? quand sera mort en moi tout ce qui t'est contraire ? quand serai-je entièrement à toi ? quand cesserai-je d'être à moi ? quand, ô mon Bien-Aimé, seras-tu mon unique vie ? quand t'aimerai-je du coeur le plus enflammé ? quand m'embrasera toute la flamme de ton amour ? quand serai-je tout liquéfié, tout transformé en toi par ta toute-puissante suavité ? quand ouvriras-tu à ce pauvre mendiant ? quand lui découvriras-tu ton royaume, ce beau royaume qui est au-dedans de moi, et qui n'est autre que toi-même avec toutes tes richesses ? quand me raviras-tu, quand, ô mon Bien-Aimé, m'enlevant, me transportant tout entier en toi, me cacheras-tu dans ton Coeur de manière que je ne paraisse plus jamais ? quand, brisant tous les obstacles et toutes les chaînes, me feras-tu un esprit avec toi, de manière que je ne puisse plus me séparer de toi ? » Saint Pierre d'Alcantara (1496-1562), Traité de l'oraison et de la méditation chap.XI, in "Oeuvres spirituelles de S. Pierre d'Alcantara" par le P. Marcel Bouix, Ve Régis Ruffet et Cie, Paris - Lille, 1872. |
Lettre sans précédent de Benoît XVI aux séminaristes du monde « Chers séminaristes ! J'ai voulu vous montrer par ces lignes combien je pense à vous surtout en ces temps difficiles et combien je vous suis proche par la prière. Priez aussi pour moi, pour que je puisse bien remplir mon service, tant que le Seigneur le veut » : c'est ainsi que Benoît XVI conclut cette lettre sans précédent aux séminaristes du monde, en quelque sorte comme un couronnement de l'Année sacerdotale. Texte intégral de la lettre du pape |
« Voilà toute mon ambition : être la proie de l'Amour ! » Bienheureuse Elisabeth de la Trinité (1880-1906), Lettre au chanoine Angles, 15 juillet 1903, in "Oeuvres Complètes", Editions du Cerf, 1991. |