« Il ne faut pas s'étonner de voir faire des manquements aux autres, parce que, comme le propre des ronces et des chardons est de porter des piquants, ainsi, dans l'état de nature corrompue, le propre de l'homme est de faillir, puisqu'il est conçu et naît dans le péché (1), et que le juste même, selon les sentiments de Salomon, tombe sept fois (2), c'est-à-dire plusieurs fois le jour. L'esprit de l'homme a ses sortes d'intempéries et de maladies comme le corps. Au lieu de s'en troubler et de s'en décourager, il doit, en reconnaissant sa condition misérable, s'en humilier, pour dire à Dieu, comme David après son péché : « Bonum mihi quia humiliasti me, ut discam justificationes tuas. Il m'est bon que vous m'ayez humilié, afin que j'apprenne vos justifications. » (3) Il faut se supporter soi-même dans ses faiblesses et imperfections, et néanmoins travailler à s'en relever. Il faut encore supporter les autres et couvrir charitablement leurs défauts ; car, s'il est défendu de juger mal d'autrui, il est encore moins licite d'en mal parler, étant le propre de la charité, comme dit le saint apôtre, de couvrir la multitude des péchés. Ecoutons encore le Sage : « Audisti verbum adversus proximum tuum ? Commoriatur in te. Avez-vous entendu quelque discours contre votre prochain ? Etouffez-le et faites-le mourir en vous. » (4) » 1. Ps 50, 5. - 2. Pr 24, 16. - 3. Ps 118, 71. - 4. Si 19, 10. St Vincent de Paul (fêté ce jour au calendrier traditionnel), in "Elévations, Prières et Pensées" (Faiblesse de l'homme), Paris, J. de Gigord, 1919 |