« Ta sanctification est l'oeuvre de chaque jour, du moment présent. C'est l'heure d'aujourd'hui, en ce moment, non demain, non dans un instant. Laisse le passé à la Miséricorde divine ; abandonne l'avenir à la Sagesse ; contente-toi de t'adapter à la manifestation présente de l'Amour divin sous quelque forme qu'il se présente. C'est maintenant, maintenant que tu dois t'armer de courage, de virilité, de générosité calme et tranquille ; n'attends pas demain ; le moment qui suit ne t'appartient pas. [...] C'est en cet endroit, et non en tel autre, qu'il faut gravir la montagne, aussi rude que te semble le sentier. C'est ici, ce n'est pas là, quoi qu'en dise ton sentiment, malgré les apparences qui semblent te rendre l'ascension impossible ou difficile. Ah ! Tu crois que les difficultés disparaîtront quand tu auras fui l'endroit présent ? Non, non, mon frère, n'obéis pas à ces suggestions dangereuses, à ce mirage séducteur. Pourquoi désirer immodérément ce qui n'est pas encore ? Pourquoi rêver à des situations qui ne sont pas la réalité présente ? Pourquoi précipiter ton action ? Pourquoi éparpiller tes forces ? C'est en la circonstance présente, et non en la suivante, que tu dois secouer ta léthargie, te renoncer, accomplir ton devoir. Tout est disposé par Dieu pour t'élever au-dessus de toi-même, quoi qu'il puisse te paraître. Ainsi la maladie ou la santé, les déboires ou la prospérité, la ruine ou la fortune, la perte de tes proches ou la société de tes amis, l'abandon et la malveillance ou l'amitié et l'estime, l'oppression injuste ou la domination paternelle, le labeur pénible ou le travail joyeux, le repos ou le mouvement extérieur, tout, tout peut contribuer à te libérer, te sauver, te vivifier, te sanctifier. » Dom Idesbald van Houtryve (1769-1837), La vie dans la paix (T. I, L. VII ch. IV), Editions de l'Abbaye du Mont Cesar, Louvain (Belgique), 1944. |