« Déposons le pesant fardeau de nos occupations terrestres et, allégés, courons vers Celui qui nous invite. En Lui se trouve l'abondante réfection des âmes et "la paix souveraine qui dépasse tout sentiment". "Venez à moi, dit-il, vous tous qui êtes fatigués et qui ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai". Ô Seigneur, de qui avez-vous besoin pour que vous nous appeliez de la sorte ? Qu'avez-vous de commun avec nous ? Ô parole toute de miséricorde : "Venez à moi, dites-vous, et je vous soulagerai". Ô admirable condescendance, charité ineffable de notre Dieu ! Qui a jamais réalisé de telles merveilles ? Qui a jamais entendu ou vu de pareilles choses ? Voici qu'il invite ses ennemis, il encourage les coupables, il attire les ingrats : "Venez tous à moi, dit-il, et prenez modèle sur moi... Portez votre joug et vous trouverez le repos de vos âmes". Ô paroles très douces, suaves, divines, "plus pénétrantes qu'aucune épée à deux tranchants". Vous vous enfoncez dans le plus intime de l'âme et, la remplissant d'une abondante douceur, "vous allez jusqu'à séparer l'âme et l'esprit". Et maintenant, âme chrétienne, réveille-toi donc devant tant de bonté, au contact d'une si grande douceur, à l'odeur d'une telle suavité. Certes, celui qui y demeure insensible est malade, il a perdu le sens, il marche vers la mort ! Enflamme-toi, je t'en prie, ô mon âme, dilate-toi, enivre-toi de douceur dans la miséricorde de ton Dieu, dans la mansuétude de ton Dieu, ton Epoux dans la charité ! Que l'ardeur de ton bien-aimé t'enflamme, que son amour te dilate, que sa suavité te délecte. Que personne ne t'empêche d'entrer, de le posséder, de le goûter. » Saint Bonaventure, Lettre dite des XV choses mémorables, in "La Perfection de la vie (ou la Vie parfaite) - La purification", Coll. "Les Maîtres de la spiritualité chrétienne", Aubier, Paris, 1943. |
Hier soir en la Salle Paul VI, le Saint-Père a ouvert le Congrès ecclésial de Rome (17-19 juin), qui conclut l'année pastorale consacrée au rôle des baptisés dans l'annonce de Jésus-Christ. Le Pape François a proposé aux 15.000 participants une réflexion intitulée : "Moi, je n'ai pas honte de l'Evangile". Après le salut du Cardinal Vicaire Agostino Vallini et la lecture de la première épître de Paul aux romains qui aborde le thème, il a déclaré qu'une "révolution, pour vraiment modifier le cours de l'histoire, doit profondément changer le coeur de l'homme. Les révolutions ont changé les systèmes socio-politiques mais aucune n'a vraiment changé le coeur de l'homme. La vraie révolution, celle qui transforme radicalement la vie, seul Jésus l'a accomplie par sa résurrection...qui fut la plus grande mutation de l'histoire, le début d'un monde nouveau, ainsi qu'aimait à le rappeler Benoît XVI... Après avoir rencontré le Christ sur le chemin de Damas, Paul a connu cette expérience radicale et reçu le baptême. Dieu a transformé le coeur de celui qui était jusque-là un persécuteur des chrétiens. Il en a fait un apôtre, un témoin courageux de Jésus-Christ". "Par le sacrement pascal du baptême nous avons nous aussi été insérés dans cette mutation. Comme Paul nous pouvons avancer dans une vie nouvelle... On croit souvent que le changement des structures suffit à changer le monde, alors que la foi nous dit que seul un coeur régénéré par Dieu régénère le monde... Et c'est un coeur qui doit aimer, souffrir et se réjouir avec les autres..., qui doit s'attendrir devant les blessures de la vie et aller vers les périphéries de l'humanité. L'amour est la plus grande force de transformation de la société car il abat les murs de l'égoïsme et comble les fossés séparant les êtres. A Rome même il y a tant de personnes plongées dans la tristesse et qui tentent d'en échapper par l'alcool ou la drogue, le jeu ou le pouvoir de l'argent, ou une sexualité déréglée". Tout cela ne les porte qu'à plus de désespoir et plus de violence. "Nous qui avons la joie d'avoir découvert le Père et l'amour qu'il nous porte, ne pouvons rester amorphes devant nos frères et omettre de leur proposer l'Evangile. Nous qui connaissons Jésus...et le sens de la vie, pouvons-nous rester indifférents à une ville qui espère, même inconsciemment ?... Chrétiens et disciples du Christ nous ne pouvons rester repliés sur nous-mêmes. Nous devons nous ouvrir à l'autre, l'aider... Paul était conscient de ce que Jésus était le Sauveur de l'humanité toute entière, non seulement de quelques hommes ou d'une certaine région. L'Evangile s'adresse à tous car Dieu aime chaque être humain et veut le sauver. L'annonce de l'Evangile est avant tout destinée aux pauvres, à qui manque même du nécessaire vital. Ils sont les premiers destinataires de la Bonne Nouvelle de ce Dieu qui vient les visiter dans les gestes de charité que les disciples du Christ accomplissent en son nom. Certains pensent que le message de Jésus s'adresse à qui n'est pas culturellement préparé, parce qu'ils trouveraient dans la foi la réponse à toutes les questions de leur coeur. Contre ceci Paul affirme avec force que l'Evangile s'adresse à tous, y compris aux personnes savantes. Le savoir qui découle de la Révélation ne s'oppose pas à celui de l'homme. Il le purifie et l'élève, c'est pourquoi l'Eglise a toujours été présente dans les foyers de la culture. Soutenus par cette certitude qui vient de la Révélation ayons le courage de sortir de nous-mêmes comme de nos communautés pour aller là où les gens vivent, travaillent ou souffrent. Allons leur annoncer la miséricorde du Père qui s'est manifestée en Jésus... L'Evangile est vraiment pour tous et parler des pauvres à ce sujet ne signifie pas que nous devions tomber dans le paupérisme ou le vagabondage spirituel... Nous devons voir Jésus qui souffre dans les personnes que nous rencontrons. Et ne craignons pas d'aller vers elles. J'aime la formule 'aller vers les périphéries de l'existence' car cela recouvre toutes les formes de la pauvreté humaine, physique ou matérielle, intellectuelle" ou sentimentale. "Nous devons semer l'Evangile par le témoignage autant que par la parole... Combien est beau le passage évangélique où le berger se rend compte qu'il manque une brebis au décompte et part à sa recherche en abandonnant les 99 autres. Nous aussi, sortons au dehors à la recherche de la brebis qui manque. Nous ne sommes en vérité qu'une minorité, mais la ferveur apostolique doit nous pousser à partir au loin vers la brebis égarée. C'est une grande responsabilité pour laquelle il faut demander au Seigneur de nous accorder générosité et patience". "Mais rappelons-nous aussi que l'adversaire agit pour tenir les hommes séparés de Dieu. C'est pourquoi il installe la déception dans leur coeur dès que notre engagement apostolique semble ne pas avoir été récompensé. Chaque jour le Diable jette ses graines de pessimisme et d'amertume... Mais, soyons-en certains, Dieu est le plus fort... Ne nous laissons donc pas décourager face aux difficultés qui se manifestent lorsque nous parlons de Jésus et de son message. Ne pensons pas qu'à Rome la foi n'a pas d'avenir !... Paul n'avait pas honte de l'Evangile, annonce de la mort de Jésus sur la croix... De cette croix qui nous rappelle avec force que nous sommes pécheurs mais que nous sommes aimés et que Dieu a la volonté de nous sauver. Pour cela il n'a pas hésité à sacrifier son Fils. L'avantage des chrétiens est qu'ils se savent aimés de Dieu... Chaque homme a besoin de se sentir aimé tel qu'il est, parce que cela rend la vie belle et digne d'être vécue. Alors que la gratuité semble faiblir dans les relations humaines, les chrétiens annonce un Dieu ami qui ne réclame rien d'autre que d'être accueilli. Pensons donc à qui vit désespéré de n'avoir jamais rencontré quelqu'un d'attentionné, de consolateur. Pour le Crucifié, chacun de ses disciples est précieux et important. C'est pourquoi nous ne pouvons refuser d'aller là où personne ne veut aller par peur de se compromettre ou d'être mal jugé. Ne refusons pas à ces frères la miséricorde de Dieu !... Et puis il y a la gratuité. Nous avons reçu la grâce gratuitement et nous devons la rendre de même... N'ayez crainte de l'amour du Père, ni de recevoir la grâce de Jésus-Christ. Comme disait Paul, ne soyons plus sous la loi, mais sous la grâce. Ne craignons pas non plus de sortir de notre confort et de parler aux 99 restées au bercail, de dialoguer avec elles en leur disant ce que nous pensons, en leur témoignant de notre amour qui vient de Dieu". Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 18.6.13). |