Féries Majeures Les "Grandes Antiennes" - Les "Antiennes O" - "Les O de l’Avent" "L’Église ouvre aujourd’hui la série septénaire des jours qui précèdent la Vigile de Noël, et qui sont célèbres dans la Liturgie sous le nom de Féries majeures. L’Office ordinaire de l’Avent prend plus de solennité ; les Antiennes des Psaumes, à Laudes et aux Heures du jour, sont propres au temps et ont un rapport direct avec le grand Avènement. Tous les jours, à Vêpres, on chante une Antienne solennelle qui est un cri vers le Messie, et dans laquelle on lui donne chaque jour quelqu’un des titres qui lui sont attribués dans l’Écriture." (Dom Guéranger, L'année liturgique) Le nombre de ces Antiennes a varié au cours des âges (on en a compté jusqu'à 12 dans certaines Eglises), et le nombre de 7 semble avoir été fixé aux alentours du XIIIe siècle. A travers ces Antiennes, nous retrouvons toujours le rappel des deux Avènements du Seigneur qui caractérise l’esprit de l’Avent. Elles commencent toutes par l’apostrophe O, d’où leur nom. Elles n’ont pas seulement la même mélodie, mais sont construites sur le même plan : 1) On invoque le Seigneur qui va venir, tantôt en le désignant par un symbole, tantôt par un titre, par exemple : O sagesse, ô Racine de Jessé. 2) Ce symbole ou ce titre est ensuite développé dans une phrase relative. 3) Le point culminant de la phrase est la supplication instante : veni, viens, qui est suivie de la demande de Rédemption. (Dom Pius Parsch, Le Guide dans l’année liturgique) On croit voir dans les initiales de ces antiennes, en commençant par la dernière, un acrostiche, réponse du Christ à l’attente de son peuple : ERO CRAS, « Je serai demain », réponse éclatante à l'appel de la prière qui les conclue : "Viens, Seigneur !" Sapientia (Sagesse) Adonai (Chef, Seigneur suprême) Radix Jesse (Rameau de Jessé) Clavis David (Clef de David) Oriens splendor (Soleil levant) Rex gentium (Roi de l'univers) Emmanuel (Emmanuel = Dieu avec nous) "Joyaux de l’Avent, ces antiennes en expriment la théologie. L’incarnation du Fils, la rédemption, la poursuite de notre rachat jusqu’à la fin des temps, telle est cette constante théologie. Elle fait entrevoir que la célébration de l’Avent, comme celle de Noël, se centre sur le Mystère pascal où s’exprime l’œuvre de notre salut dans la mort et la résurrection du Christ." (Dom Adrien Nocent, Contempler sa Gloire) "Ces admirables Antiennes, qui contiennent toute la moelle de la Liturgie de l’Avent, sont ornées d’un chant plein de gravité et de mélodie ; et les diverses Églises ont retenu l’usage de les accompagner d’une pompe toute particulière, dont les démonstrations toujours expressives varient suivant les lieux. Entrons dans l’esprit de l’Église et recueillons-nous, afin de nous unir, dans toute la plénitude de notre cœur, à la sainte Église, lorsqu’elle fait entendre à son Époux ces dernières et tendres invitations, auxquelles il se rend enfin." (Dom Guéranger, L'année liturgique) |
O Sapientia, quæ ex ore Altissimi prodisti, attingens a fine usque ad finem, fortiter suaviter disponensque omnia: veni ad docendum nos viam prudentiæ. O Sagesse, sortie de la bouche du Très-Haut, qui enveloppez toutes choses d'un pôle à l'autre et les disposez avec force et douceur, venez nous enseignez le chemin de la prudence. |
« Le Royaume de Dieu est au dedans de nous, dit le Seigneur. C'est dans cet intérieur que le Souverain et le Maître absolu de toutes choses établit son empire par l'anéantissement de ce qui est opposé à la divine volonté, et par l'assujettissement de ce que nous sommes, de ce que nous pouvons, et de ce que nous faisons : car c'est en ces choses que consiste le règne de Dieu. [...] Ô Fils bien-aimé du Père éternel ! ô Fils tout aimable de la très pure Vierge, que mon âme et toutes celles que vous avez créées deviennent votre règne : que votre nom soit sanctifié par toute la terre par la destruction de l'idôlatrie, de l'infidélité, de l'hérésie et du péché : que tous les peuples le magnifient par une entière conformité de leurs volontés avec votre volonté divine. Ô adorable Jésus, que votre règne arrive, que votre règne arrive. [...] Il est vrai que l'aimable Jésus vit dans tous les coeurs animés de la grâce sanctifiante, mais il n'y règne pas : car combien se passe-t-il de choses dans la plupart de ces âmes qui lui sont opposées. Plusieurs se laissent aller à de fâcheux péchés véniels, sans s'en mettre beaucoup en peine, et c'est grande pitié de voir leurs esprits et leurs coeurs remplis de maximes et d'inclinations bien éloignées de celles de notre divin Roi, qui a paru visiblement parmi les hommes, pour leur apprendre, selon la doctrine du grand Apôtre, non seulement à renoncer au monde, mais encore aux désirs du siècle. Combien de recherches du propre intérêt, mal si commun, que selon la divine parole, il est presque universel... Ô mon Dieu que de sujets d'humiliation en l'homme. Les exercices les plus spirituels, les actions les plus saintes se trouvent infectées de l'amour propre... [...] Nous avons donc besoin des grâces bien particulières, pour être sans réserve, et entièrement à l'adorable Jésus, afin que non seulement il vive, mais règne souverainement dans nos âmes. » Vénérable Henri Marie Boudon (1624-1702), Le règne de Dieu en l'oraison mentale, Livre I, I, A Paris, Chez Estienne Michallet, 1683 (Seconde édition). |