« ... Un jour de saint Jean l’Évangéliste, qu’après m’avoir fait reposer plusieurs heures sur cette sacrée poitrine, je reçus de cet aimable Coeur des grâces dont le souvenir me met hors de moi-même ; et je ne crois pas être nécessaire de les spécifier, quoique le souvenir et l'impression m'en restera toute ma vie. Après cela, ce divin Coeur me fut présenté comme dans un trône de flammes, plus rayonnant qu’un soleil et transparent comme un cristal, avec cette plaie adorable, et il était environné d’une couronne d’épines, qui signifiait les piqûres que nos péchés lui faisaient, et une croix au-dessus qui signifiait que, dès les premiers instants de son Incarnation, c’est-à-dire que dès lors que ce sacré Coeur fut formé, la Croix y fut plantée, et il fut rempli, dès ces premiers instants, de toutes les amertumes que lui devaient causer les humiliations, pauvreté, douleurs et mépris que la sacrée humanité devait souffrir, pendant tout le cours de sa vie et en sa sainte Passion. Et il me fit voir que l'ardent désir qu'il avait d'être aimé des hommes et de les retirer de la voie de perdition, où Satan les précipite en foule, lui avait fait former ce dessein de manifester son Coeur aux hommes, avec tous les trésors d'amour, de miséricorde, de grâce, de sanctification et de salut qu'il contenait, afin que tous ceux qui voudraient lui rendre et procurer tout l'honneur, l'amour et la gloire qui serait en leur pouvoir, il les enrichit avec abondance et profusion de ces divins trésors du Coeur de Dieu, qui en était la source, lequel il fallait honorer sous la figure de ce Coeur de chair [...]. Et que partout où cette sainte image serait exposée, pour y être honorée, il y répandrait ses grâces et ses bénédictions. Et que cette dévotion était comme un dernier effort de son amour qui voulait favoriser les hommes, en ces derniers siècles de cette rédemption amoureuse, pour les retirer de l'empire de Satan, lequel il prétendait ruiner, pour nous mettre sous la douce liberté de l'empire de son amour, lequel il voulait rétablir dans les coeurs de tous ceux qui voudraient embrasser cette dévotion. » Ste Marguerite-Marie, extrait de la Lettre CXXXIII au R.P. Croiset, 3 novembre 1689 (4e du Manuscrit d'Avignon), in "Vie et Oeuvres de la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque", Tome deuxième, Troisième édition (Monseigneur Gauthey), Paris, Ancienne Librairie Poussielgue, 1915. |