Du Pape... « Nous n'avons pas à peindre un homme semblable aux autres. Celui-ci n'est pas né pour les oeuvres communes. Dans une chair soumise aux infirmités et à la mort, il porte comme nous un esprit exposé à l'erreur, mais non pas versé dans toutes nos bornes et soumis à toutes nos défaillances. Dieu lui est lié par un serment éternel et l'assiste spécialement. Il est celui à qui le Seigneur a dit : "Je suis avec toi". Ici la chair mortelle enveloppe plus d'immortalité qu'en nous. Il est Pierre qui ne meurt pas, assis sur le trône qui ne croule pas. Il est le représentant de Dieu, que Dieu a placé à Rome, parce que Rome est le lieu où il plaît à Dieu d'habiter ; et son histoire enferme plus d'élément divin qu'une autre. Faible, diffamé, moqué, crucifié comme l'homme de douleur, invincible comme l'Homme-Dieu, dans les conditions du Calvaire, il continue l'oeuvre du Calvaire, oeuvre incomparable, poursuivie et agrandie ... à la face des hommes prosternés devant le miracle ou stupéfaits et furieux devant le problème. Il enseigne, il expie, il délivre, il meurt, il règne. Il porte un nom incommunicable ; il est le Pape, le Père ! Toute langue, même rebelle, le nomme ainsi, et ne nomme ainsi nul autre. Sa royauté paternelle, la plus ancienne qui doit au monde, est, tout ensemble, la plus contestée du temps, la plus assurée de l'avenir. En ce point, le sentiment profond des plus intelligents parmi ses ennemis est d'accord avec la croyance des plus fermes parmi ses fidèles. Pourquoi ? Ses fidèles couvrent le monde ; on en évalue le nombre à deux cent millions, mais disséminés, indolents, défaillants, réduits, en fait, comme force active, à une poignée : ses ennemis sont innombrables, puissants, ardents, coalisés, munis d'armes souveraines. Ils désirent et ils prophétisent la chute de la Papauté, mais la Papauté environnée de pièges, pressée de soldats, meurtrie de coups, escortée d'injures et de dérisions, vit, marche, ne voit nulle part de terre lointaine, ni de peuple ennemi qu'elle ne veuille et n'espère conquérir. C'est le miracle, c'est le problème, c'est le triomphe permanent et toujours incompréhensible de l'homme de douleur. Nous avons sous les yeux ce scandale de la raison humaine. » Louis Veuillot, 1863. |
Très intéressante interview du Cardinal Jorge Mario Bergoglio, notre nouveau Pape, alors archevêque de Buenos-Aires, pour le mensuel "30 Jours", en mai 2007. |
Le Pape François s'est rendu ce matin en l'église paroissiale Ste Anne du Vatican pour y célébrer la messe du cinquième dimanche de Carême, une foule compacte se pressait à l'entrée de la Cité située devant cette église. Il a été accueilli par le Curé et le Cardinal Vicaire de la Cité. A l'homélie, il a commenté l'épisode de la femme adultère, rappelant qu'auparavant Jésus s'était retiré sur une montagne en solitude pour prier, puis s'était rendu au Temple. Alors que les pharisiens voulaient la lapider parce qu'elle était de ces êtres méprisables, il s'écarta pour parler à cette femme : "La solitude de Jésus est féconde. C'est la solitude de la prière avec le Père, la prière si belle que constitue le message évangélique de cet épisode de miséricorde envers l'adultère. La miséricorde doit être le message quotidien de l'Eglise... Il y avait une division au sein du peuple. D'un côté ceux qui venaient l'écouter et au milieu desquels il s'asseyait, des gens désireux d'entendre sa parole, ouverts à la Parole de Dieu. De l'autre, on avait des personnes sourdes, qui ne voulaient rien entendre, qui voulaient seulement condamner à mort cette femme. Nous aussi, nous sommes ce peuple divisé, entre qui veut entendre Jésus et qui veut user du bâton, condamner l'autre. Or Jésus n'est pas venu pour les justes qui se justifient d'eux mêmes, mais pour les pécheurs. Son message est celui de la miséricorde". "En pensant aux ragots qui suivirent la vocation du publicain Mathieu, qui osait s'afficher avec les pécheurs, reconnaissons que nous sommes pécheurs. Si face à l'autel nous sommes comme ce pharisien, si nous remercions le Seigneur de ne pas être comme le publicain, nous ignorons le Cœur du Seigneur. Et ainsi nous n'aurons jamais la joie de connaître sa miséricorde. Certes il n'est pas aisé de s'en remettre à la miséricorde de Dieu. C'est un abysse impossible à comprendre. Mais nous devons le faire ! Mon père, si vous saviez ! Qu'as-tu fait ? Des choses très graves. Parfait, c'est mieux ! Va à Jésus qui t'écoutera avec grande attention. Raconte-lui tout. Il sait tout oublier, tout effacer. Il t'embrassera en te disant qu'il ne te condamne pas. Va, te dira-t-il, et ne pèche plus. Un simple conseil. Et si un mois plus tard tu es au même pont, reviens vers lui et recommence. Le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner. Demandons la grâce de ne jamais nous lasser de demander pardon. Lui ne se lasse jamais d'accorder sa miséricorde !". Après l'homélie, le Pape François a dit savoir que parmi l'assemblée il n'y avait pas que des paroissiens : "Parmi les prêtres argentins que je vois, il y a mon auxiliaire de Buenos Aires. Aujourd'hui ils seront donc mes paroissiens. Mais je veux vous présenter un prêtre qui vient de loin, qui œuvre depuis longtemps auprès des enfants des rues et des drogués, pour qui il a ouvert une école. Il a tant fait pour leur faire connaître Jésus. Il leur a enseigné un travail, leur a permis de travailler, de croire et d'aimer le Seigneur... Priez pour lui. Il vit en Uruguay où il a fondé une école Jean-Paul II. Je me demande comment il est arrivé ici. Je vais m'informer ! Merci de prier pour lui". Après la cérémonie, le Saint-Père a salué un à un sur les marches de l'église les paroissiens de Ste Anne, puis s'est avancé vers l'entrée de la Cité pour répondre à l'enthousiasme d'une foule immense ayant envahi le quartier entourant le Vatican. Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 17.3.13) |
A midi, le Pape François est apparu pour la première fois à la fenêtre des appartements pontificaux pour le traditionnel Angélus dominical. Avant la prière mariale en latin, il s'est adressé à la foule (plus de 200.000 personnes) uniquement en italien, ouvrant son allocution par un Bonjour frères et soeurs ! "Après notre premier contact de mercredi dernier je peux à nouveau vous saluer tous en ce jour du Seigneur. Le dimanche est important pour les chrétiens, c'est le jour de la rencontre. On se salue, on se parle sur cette place qui, grâce aux media prend aujourd'hui les dimensions du monde. L'Evangile de ce cinquième dimanche de Carême propose l'histoire de la femme adultère sauvée de la mort par Jésus. L'attitude du Seigneur est surprenante car il n'a pas un mot de mépris pour elle, pas une parole de condamnation. Seulement des mots d'amour et de miséricorde qui appellent à la conversion. Moi non plus je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus. Alors, frères et soeurs ! Le visage de Dieu est celui d'un père plein de miséricorde, rempli de patience envers nous. Il nous comprend et nous attend et ne se lasse pas de nous pardonner si nous venons à lui le coeur contrit. Avez-vous pensé à la patience de Dieu, envers chacun de nous ? Telle est sa miséricorde. Grande est sa miséricorde dit le psalmiste". "Ces derniers jours j'ai lu un livre sur la miséricorde, écrit par un bon théologien, le Cardinal Kasper. Il m'a fait un grand bien. N'allez pas croire que je fasse de la publicité aux publications de mes cardinaux ! Ce n'est pas cela. Mais ce livre m'a fait un bien immense. Le Cardinal Kasper dit que tout change à entendre le mot miséricorde. C'est ce que nous pouvons entendre de meilleur car elle change le monde. Un peu de miséricorde rend le monde moins froid, plus juste. Comprenons bien ce qu'est la miséricorde divine... Souvenons nous d'Isaïe qui affirme que nos péchés pourraient être écarlates, l'amour de Dieu les rendrait blanc comme neige. Je me souviens d'une messe en 1992 pour les malades. La statue de la Vierge de Fatima était arrivée à Caracas et je suis allé confesser. Partant avant la fin car je devais aller administrer des confirmations, une vieille dame est venue à moi, très humblement, qui voulait être confessée. Je lui ai dit qu'elle ne devait pas avoir péché. Alors elle m'a lancé que nous péchons tous et que le Seigneur nous pardonne toujours. Est-tu certaine de cela, qu'il pardonne tous et toujours ? Certaine. Je lui ai demandé comment elle savait cela et sa réponse fut : Sans cela le monde ne pourrait exister ! J'avais envie de lui demander si elle avait étudié à l'Université Grégorienne. Telle est la sagesse qu'offre l'Esprit. N'oublions jamais qu'effectivement Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner. Jamais. Le problème est que nous, nous nous lassons. En père aimant et pardonnant, il offre sa miséricorde à chacun de nous. Alors apprenons à être miséricordieux les uns les autres. Invoquons l'intercession de Marie, qui a porté dans ses bras la miséricorde divine, c'est à dire Dieu fait homme". Après la prière mariale, le Saint-Père s'est à nouveau adressé à la foule, la remerciant de son accueil et de sa prière : "Je renouvelle mon salut aux fidèles de Rome en l'étendant à tous, au présents venus de toute l'Italie et du monde entier, à tous ceux qui sont unis à nous grâce aux media. J'ai choisi le nom du patron de l'Italie, ce qui renforce mon lien spirituel avec ce pays. Comme vous le savez mes origines familiales sont ici. Or le Seigneur m'a appelé à faire partie d'une autre famille, son Eglise, la famille de Dieu qui marche sur le chemin de l'Evangile. Le Seigneur vous bénisse, Marie vous protège. Et n'oubliez jamais que le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner. Nous, nous nous lassons de lui demander pardon. Bon dimanche et bon appétit !". Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 17.3.13). |