« L'Eucharistie est établie pour restaurer et nourrir l'âme dans tous ses besoins (1) ; "pour fortifier le corps et l'âme et pour servir de remède" (2). Comme le corps épuisé de fatigues a besoin de renouveler la vie qui circule en lui, l'âme a besoin de réparer ses défaillances et de refaire ses forces. Ce qui manque à beaucoup de ces âmes que dévore l'ennui, le chagrin, ou simplement le vide de la vie, c'est le froment des élus ; la force des saints, c'est le vin des divines joies. Elles oublient qu'à chaque être il faut un aliment, proportionné à sa nature : "le foin, dit saint Cyrille, est la nourriture de l'animal, le pain l'aliment du corps ; et le Christ est le pain de l'âme." Un grand tort, c'est de considérer la Sainte Communion comme une récompense, comme une couronne de sainteté. Non, la Sainte Communion n'est pas une récompense de la vertu, car la vertu la plus haute ne saurait la mériter ; c'est un moyen d'acquérir la vertu, de se fortifier contre le mal, de persévérer et de s'avancer dans le bien. "Elle nous préserve du péché mortel, et c'est l'antidote qui nous délivre des fautes quotidiennes" (3) ; "nous prenons chaque jour le pain céleste afin de remédier à nos infirmités de chaque jour." (4). "Approchez-vous du Christ avec confiance ; vous n'allez pas à lui pour le sanctifier, mais pour être sanctifié par lui." (5). "Deux sortes de gens doivent communier souvent : les parfaits parce qu'ils sont bien disposés et les imparfaits pour travailler à acquérir la perfection ; les forts de crainte qu'ils ne deviennent faibles et les faibles pour qu'ils deviennent forts." (6) "Ô Jésus, très doux Seigneur, faites que mon âme ait faim de vous, vous qui êtes le pain des anges, l'aliment des âmes saintes, notre pain quotidien. Que j'aie soif de vous qui êtes la fontaine de vie, de science et de sagesse. Ô Dieu, vous êtes ma paix, mon refuge, ma propriété, mon trésor, mon bonheur. Qu'en vous seul soient fixés et implantés pour toujours, mes entretiens, mes pensées, mes oeuvres, mes richesses, mon âme et mon coeur." (St Bonaventure) » (1) : St Thomas - (2) : Canon de la Messe - (3) : Concile de Trente - (4) : St Ambroise - (5) : St Bonaventure - (6) : St François de Sales Abbé F. Maucourant, La vie d'intimité avec le bon Sauveur (Dix-septième méditation), Nevers, 1898. (Onzième méditation à lire au 14 novembre 2013) |
Le Pape appelle les chrétiens à sortir de l'enfouissement Lors de son traditionnel Angélus prononcé depuis la fenêtre des appartements pontificaux, et devant un grande foule qui a encore profité d'un dimanche romain très ensoleillé, le Pape François a commenté l'Évangile de ce jour, tiré de Saint Matthieu (25, 14-30), qui évoque la parabole des talents. « Il raconte l'histoire d'un homme qui, avant de partir en voyage, convoque ses serviteurs et leur confie son patrimoine en talents, une monnaie antique de très grande valeur. Ce maitre confie à son premier serviteur cinq talents, au deuxième deux talents, au troisième un seul. Durant l’absence du maître, les trois serviteurs doivent faire fructifier ce patrimoine. Le premier et le deuxième serviteur ramènent chacun le capital de départ, Le troisième, lui, par peur de perdre tout, a enseveli le talent reçu dans un trou. Au retour du maitre, les deux premiers reçoivent les félicitations et la récompense, alors que le troisième, qui restitue seulement la monnaie reçue, est réprouvé et puni. » Pour le Pape François, « la signification de ceci est clair ! L’homme de la parabole est Jésus, et les serviteurs sont les disciples, c'est à-dire nous-mêmes, et les talents sont le patrimoine que le Seigneur leur confie : sa Parole, l’Eucharistie, la foi dans le Père céleste, son pardon... En somme, ses biens les plus précieux. Le Seigneur ne nous les confie pas seulement pour les conserver, mais pour les faire croitre, a insisté le Saint-Père. Alors que dans l’usage commun le terme « talent » indique une remarquable qualité individuelle, par exemple dans le sport ou la musique, dans cette parabole les talents représentent les biens du Seigneur, qu’Il nous confie pour que nous les fassions fructifier. » Et le Pape a lancé une pierre dans le jardin des chrétiens tentés par une spiritualité de l'enfouissement, qui gardent leur foi dans la sphère privée. « Le trou creusé dans le terrain par le serviteur méchant et paresseux indique la peur du risque qui bloque la créativité et la fécondité de l’amour. La peur des risques de l’amour nous bloque. Mais Jésus ne nous demande pas de conserver sa grâce dans un coffre-fort, mais veut que nous l’usions à l’avantage des autres. Tous les biens que nous avons reçus sont faits pour les donner aux autres. C’est comme s’Il disait : « Voici ma miséricorde, ma tendresse, mon pardon : prends-les et fais-en un large usage. » Et nous qu’avons-nous fait ? Qui avons-nous « contaminé » avec notre espérance ? Combien d’amour avons-nous partagé avec notre prochain ? Ce sont des questions qui nous feront du bien ! » Pour une Église en sortie missionnaire Conformément à son désir de voir l'Église sortir de ses cadres habituels, le Pape François a rappelé que « n’importe quel environnement, même le plus lointain, peut devenir un lieu où faire fructifier les talents. Il n’y a pas de situations ou de lieux a priori fermés à la présence et au témoignage chrétien. Le témoignage que Jésus nous demande n’est pas fermé, c’est ouvert, cela dépend de nous. Cette parabole nous encourage à ne pas cacher notre foi et notre appartenance au Christ, à ne pas enfouir la Parole de l’Évangile, mais à la faire circuler dans notre vie, nos relations, dans les situations concrètes, comme une force qui met en crise, qui purifie, qui rénove. Ainsi, le pardon, que le Seigneur nous donne spécialement dans le Sacrement de la Réconciliation : ne le tenons pas fermé en nous-mêmes, mais laissons tomber ce qui emprisonne sa force, qu’il fasse tomber ces murs que notre égoïsme a élevé, qu’il nous fasse faire le premier pas dans les rapports bloqués, et reprendre le dialogue là où il n’y a plus de communication. Il faut faire en sorte que ces talents, ces cadeaux, ces dons, atteignent les autres et donnent des fruits. » Rappelant que Dieu s'adresse à chacun personnellement selon sa vocation, le Pape François a précisé que « le Seigneur ne donne pas à tous les mêmes choses et dans le même mode, il nous connait personnellement et nous confie ce qui est juste pour nous. Mais en tous repose la même immense confiance. Dieu a confiance en nous, Dieu a espérance en nous. Ne le décevons pas ! Ne nous laissons pas gagner par la peur, mais rendons la confiance à la confiance ! La Vierge Marie incarne cette attitude de la façon la plus belle et la plus pleine. Elle a reçu et accueilli le don le plus sublime, Jésus en personne, et à son tour l’a offert à l’humanité avec un cœur généreux. Demandons-lui de nous aider à être des serviteurs bons et fidèles, pour participer à la joie de notre Seigneur ! » Et comme il le fait souvent, le Pape a invité chacun à relire cet extrait de l'Évangile à la maison, calmement, en se demandant : « Tout ce que le Seigneur m’a donné, comment je fais en sorte que cela croisse vers les autres ? » Source : Radio Vatican. Violences anti-immigrés à Rome : le Pape appelle au dialogue A l’issue de la prière de l’Angélus, le Pape est revenu sur les tensions raciales de ces derniers jours dans un quartier de l’est de Rome. « Ces faits arrivent dans plusieurs villes d’Europe, en particulier dans les quartiers périphériques marqués par d’autres difficultés » a souligné François. « J’invite les institutions de tous niveaux à faire une priorité de ce qui constitue désormais une urgence sociale, une urgence qui doit être combattue au plus vite au risque qu’elle dégénère encore plus » a mis en garde le Pape. « La communauté chrétienne s’engage de façon concrète pour qu’il n’y ait pas d’affrontement, mais de la rencontre » a-t-il poursuivi. Pour le Pape, les résidents et les immigrés, avec les représentants des institutions, peuvent se rencontrer, par exemple dans une salle paroissiale, et parler ensemble de la situation. L’important a rappelé le Saint-Père est de pas céder à la tentation de l’affrontement, de repousser toute violence. « Il est possible de dialoguer, de s’écouter, de faire des projets ensemble, et de dépasser de cette façon la suspicion et le préjugé, et de construire une coexistence toujours plus sûre, pacifique et inclusive » a conclu le Pape. Une vague de violence a en effet visé cette semaine des immigrés dans le quartier populaire de Tor Sapienza. Les habitants du quartier ont exprimé leur ras-le bol devant la baisse de l’insécurité et s’en sont pris à un centre d’accueil de migrants. De nombreuses manifestations ont eu lieu pour demander plus de contrôles policiers dans le quartier où vivent aussi des gens du voyage. Samedi, près de 5.000 personnes ont défilé dans le centre de la capitale italienne pour dénoncer la politique du maire Ignazio Marino, jugée trop laxiste. Source : Radio Vatican. Texte intégral en italien sur le site internet du Vatican. |