« Reine du Carmel, agréez les vœux de l’Église de la terre qui aujourd’hui vous dédie ses chants. Quand le monde gémissait dans l’angoisse d’une attente sans fin, vous étiez déjà son espoir. Bien impuissant encore à pénétrer vos grandeurs, il aimait pourtant, sous ce règne des figures, à vous parer des plus nobles symboles ; la reconnaissance anticipée aidait en lui l’admiration à vous former comme une auréole surhumaine de toutes les notions de beauté, de force et de grâce que lui suggérait la vue des sites les plus enchanteurs, des plaines en fleurs, des cimes boisées, des vallées fertiles, de ce Carmel principalement dont le nom signifie "plantation du Seigneur". Sur son sommet, nos pères, qui savaient que la Sagesse a son trône dans la nue (Eccl. XXIV,7), hâtèrent de leurs désirs ardents l’arrivée du signe sauveur (ibid. XLIII,24) ; c’est là qu’à leurs prières fut enfin donné ce que l’Écriture nomme la "science parfaite", ce qu’elle désigne comme "la connaissance des grandes routes des nuées" (Job XXXVII,16). Et quand Celui qui fait son char (Ps CIII,3) et son palais (III Reg VIII,12) de l’obscurité de la nue, se fut dans un avenir moins éloigné manifesté par elle à l’œil exercé du père des Prophètes, on vit les plus saints personnages de l’humanité se réunir en troupe d’élite dans les solitudes de la montagne bénie, comme autrefois Israël au désert, pour observer les moindres mouvements de la nuée mystérieuse (Num IX,15-23), recevoir d’elle leur unique direction dans les sentiers de cette vie, leur seule lumière dans la longue nuit de l’attente (Ps CIV,39). O Marie, qui dès lors présidiez ainsi aux veilles des armées du Seigneur, qui jamais ne leur fîtes un seul jour défaut (Ex XIII,22) : depuis qu’en toute vérité Dieu est par vous descendu (Ibid XXXIV,5), ce n’est plus seulement le pays de Judée, mais toute la terre, que vous couvrez comme une nuée répandant l’abondance et les bénédictions (Eccl XXIV,6). Vos antiques clients, les fils des Prophètes, en firent l’heureuse expérience, lorsque, la terre des promesses devenue infidèle, ils durent songer un jour à transplanter sous d’autres cieux leurs coutumes et leurs traditions ; ils constatèrent alors que jusqu’en notre extrême Occident la nuée du Carmel avait versé sa rosée fécondante, que partout aussi sa protection leur restait acquise. Cette fête, ô Mère divine, est l’authentique monument de leur reconnaissance, accrue encore par les bienfaits nouveaux dont votre munificence accompagna cet autre exode des derniers restes d’Israël. Et nous les fils de la vieille Europe, c’est à bon droit que nous faisons écho à l’expression de leur pieuse allégresse ; car depuis que leurs tentes se sont posées autour des collines où sur Pierre est bâtie la nouvelle Sion, la nuée s’est épanchée de toutes parts en pluies plus que jamais précieuses (Ezech XXXIV,26), refoulant à l’abîme les flammes éternelles, éteignant les feux du séjour de l’expiation. En même temps donc que nous joignons pour vous notre reconnaissance à la leur, daignez, Mère de la divine grâce, acquitter envers eux la dette de notre gratitude. Protégez-les toujours. Gardez-les dans nos temps malheureux où les sévices du Sarrasin sont dépassés, en résultats de mort, par l’hypocrisie calculée des modernes persécuteurs. Que non seulement la vieille tige garde la vie dans ses racines profondes, mais que ses vénérables rameaux saluent sans cesse l’accession de nouvelles branches portant comme leurs aînées, ô Marie, les fleurs et les fruits qui vous plaisent. Maintenez au cœur des fils l’esprit de retraite et de divine contemplation qui fut celui de leurs pères à l’ombre de la nue ; faites que leurs sœurs aussi restent fidèles aux traditions de tant de nobles devancières, sous tous les cieux où l’Esprit les a multipliées pour en même temps conjurer l’orage et attirer les bénédictions qui descendent de la nuée mystérieuse. Puissent les austères parfums de la sainte montagne continuer d’assainir autour d’elle l’air que tant de miasmes corrompent ; puisse le Carmel offrir toujours à l’Époux le type des beautés qu’il aime à trouver en sa bien-aimée ! » R.P. Dom Prosper Guéranger (1805-1875), L'année liturgique - Le Temps après la Pentecôte Tome IV (Notre-Dame du Mont-Carmel), Tours, Alfred Mame et Fils, 1917 (11e édition). |
Tableau du XVIIIe : Notre Dame donnant le Rosaire à saint Dominique et le Scapulaire à saint Simon Stock. Eglise Saint-Pierre-et-Saint-Paul (ancien couvent des Cordeliers) à Lons-le-Saulnier (Jura). |
Nous vous saluons et nous vous bénissons, Immaculée Vierge Marie, foyer de tendresse et de miséricorde. Le Seigneur a donné à l'Ordre du Carmel la joie de porter votre nom et de trouver en vous une Mère et un modèle. Par votre prière maternelle, venez donc à notre secours afin que notre Père du Ciel nous prenne tels que nous sommes, mais nous aide à devenir comme Il veut que nous soyons. Apprenez-nous à contempler avec vous votre Fils Jésus en méditant fidèlement son Évangile, pour que nous aimions nos frères et soeurs de l'univers avec son propre Coeur et que nous les attirions à Dieu en donnant pour eux notre vie. Que l'Esprit-Saint, sous la protection de votre Scapulaire, nous assure le bonheur et la paix et nous conduise, nuit et jour, à la Montagne Véritable qui est le Christ Notre Seigneur. Amen. Source : site internet du Carmel au Québec. |
Aux premiers instants de ma vie, Vous m'avez prise entre vos bras ; Depuis ce jour, Mère chérie, Vous me protégez ici-bas. Pour conserver mon innocence, Vous m'avez mise en un doux nid, Vous avez gardé mon enfance A l'ombre d'un cloître béni. Plus tard, aux jours de ma jeunesse, De Jésus j'entendis l'appel !... Dans votre ineffable tendresse, Vous m'avez montré le Carmel. « Viens, mon enfant, sois généreuse, Me disiez-vous avec douceur ; Près de moi, tu seras heureuse, Viens t'immoler pour ton Sauveur. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Près de vous, ô ma tendre Mère ! J'ai trouvé le repos du coeur ; Je ne veux plus rien sur la terre, Jésus seul est tout mon bonheur. Si parfois je sens la tristesse, La crainte qui vient m'assaillir, Toujours, soutenant ma faiblesse, Mère, vous daignez me bénir. Accordez-moi d'être fidèle A mon divin Epoux Jésus. Qu'un jour, sa douce voix m'appelle A voler parmi les élus. Alors, plus d'exil, de souffrance ; Je vous redirai dans le Ciel Le chant de ma reconnaissance, Aimable Reine du Carmel ! Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, 16 Juillet 1894 (en la fête de Notre-Dame du Mont Carmel) Source : Archives du Carmel de Lisieux. |