« Pourquoi toujours penser plutôt mal d'autrui, que d'en penser en bien ? Dieu seul peut juger et condamner. Nous ignorons, d'ordinaire, pourquoi le prochain agit comme ceci, ou comme cela. Il faudrait, pour bien le juger, pénétrer, à fond, sa pensée, son caractère, son éducation, les raisons qui le font agir. Pensons, aussi charitablement que nous pouvons, d'autrui. En tout homme, fût-il larron comme Dismas, il y a toujours quelque chose de bon. Voyons cela, avant tout, si nous ne sommes pas chargé de le juger, encore moins de le condamner. Ne disons que du bien d'autrui. Pourquoi toujours en dire du mal, si mince soit-il ? N'est-ce pas orgueil de notre part ? Ne nous flattons-nous pas nous-mêmes, en médisant des autres ? Enfin, mettons-nous au service d'autrui. Venons à son aide, en ces serviabilités qui ne coûtent pas si cher, mais que notre paresse ne nous conseille pas toujours. Le prochain a ses nécessités, volons à son secours. Elles peuvent être sérieuses et même extrêmes. Un chrétien qui voit Jésus-Christ dans son frère, peut-il passer outre, et ne pas se faire, une fois de plus, le bon Samaritain de l'Evangile ? Je ne serai jugé, au tribunal de Dieu, que sur ma charité. Cet Evangile est formel sur ce point. Le bien que je n'aurai pas fait à mon prochain, c'est à Jésus que je ne l'aurai pas fait. N'est-ce pas tout dire ? Mais, n'avons-nous donné qu'un verre d'eau froide à qui a soif, il y a là, comme un mérite infini, attendu l'esprit de foi avec lequel j'ai fait ce geste. Aimer mon prochain, c'est aimer Jésus-Christ. » Dom Eugène Vandeur, Recollection de trois jours (La Charité, I), Editions de Maredsous, 1962. |