« Votre âme ne doit s'attacher à rien. Soyez fidèle à l'oraison et Dieu aura soin de vos biens ; ils n'ont pas, et ne doivent pas avoir d'autre maître que lui. Voilà ce que je constate par moi-même. Plus les choses sont à moi, plus j'y porte mon coeur et mes préoccupations ; car la chose aimée ne fait plus qu'un avec celui qui l'aime ; voilà ce que fait Dieu avec celui de qui il est aimé. Ainsi on ne peut oublier l'objet aimé sans s'oublier soi-même. Mais on s'oublie soi-même pour l'objet aimé, car on vit plus en lui qu'en soi-même. Ô mon Souverain Maître, ô Dieu d'amour, de combien de richesses ne comblez-vous pas celui qui n'aime que vous et ne met son bonheur qu'en vous. Car vous vous donnez vous-même à lui et vous ne faites qu'un avec lui par amour ! Vous lui donnez alors à goûter et à aimer ce qui lui plaît davantage en vous et lui est le plus utile. Comme il convient que la Croix ne nous manque pas, et que nous devions imiter notre Bien-aimé Sauveur, qui l'a portée jusqu'à mourir d'amour, il dispose nos tendances à aimer ce que nous désirions le plus pour que nos sacrifices soient plus grands et que nous ayons plus de mérites. Mais tout cela passe vite et ne dure que jusqu'au moment où le couteau se lève sur notre tête, car aussitôt notre âme comme un autre Isaac se trouve pleine de vie et reçoit promesse d'une nombreuse postérité. » Saint Jean de la Croix, extrait de la Lettre à Dona Jeanne de Pedraza, 28 février 1589, in Oeuvres spirituelles, Editions du Seuil, Paris, 1945. |
A noter que les écrits de Saint Jean de la Croix se trouvent en libre téléchargement - au format pdf (Acrobat Reader) - accompagnés d'une étude de ses oeuvres, ici. |
« Que tout ce que tu aimes ici-bas soit pour toi un chemin, mais jamais une demeure. Car ta demeure est Dieu. » Gustave Thibon, Le pain de chaque jour, Editions du Rocher, Monaco, 1945. |