« C'est aujourd'hui le jour de la sainte Croix : ô Dieu ! qu'elle est belle, et qu'elle est aimable ! On donne des batailles pour en avoir le bois, et on l'exalte sur le mont du Calvaire. Ma très chère fille, hélas ! que bienheureux sont ceux qui l'aiment et qui la portent ! Elle sera plantée au ciel quand notre Seigneur viendra juger les vivants et les morts, pour nous apprendre que le ciel est l'autel des crucifiés. Aimons donc bien les croix que nous rencontrerons en notre chemin. » St François de Sales, extrait de la Lettre 360 à Ste Jeanne de Chantal, 14 septembre 1611, in "Oeuvres complètes de Saint François de Sales - Tome III Lettres", Paris, Béthune, 1833. |
« Voici la parole de l'Evangile qui semble la plus dure au commun des chrétiens : Si quelqu'un, dit Jésus-Christ, veut venir à ma suite, qu'il porte sa croix tous les jours, et qu'il me suive (1). L'Evangéliste remarque qu'il adressait cette parole à tous. Ainsi il n'est aucun de ceux qui font profession du Christianisme, qui ne doive la prendre pour soi. Il est dans l'ordre que le disciple suive le maître, et qu'il marche sur ses traces. Jésus-Christ ne nous propose la croix qu'après avoir porté lui-même la sienne tous les jours, depuis sa naissance jusqu'à son dernier soupir. Il l'a portée, l'ayant acceptée librement des mains de son Père ; et, quelque affreuse qu'elle fût pour la nature, dont elle exigeait l'entière immolation, il l'a acceptée et portée avec amour et avec joie, content de réparer la gloire de Dieu, et de racheter le genre humain par le sacrifice de son âme et de son corps. Le chrétien doit donc à son exemple recevoir la croix que Dieu lui envoie, la porter volontiers tous les jours, et s'estimer heureux de remplir par là les desseins éternels de Dieu sur lui. Ceci est la condition essentielle pour appartenir à Jésus-Christ ; et quiconque ne s'y soumet pas est rejeté du nombre de ses disciples. [...] Voilà ce que vous dites souvent : Si c'était toute autre croix, je l'endurerais volontiers. Vous vous faites illusion. La croix que vous portez est toujours celle qui vous pèse, et vous déplaît. Vous en diriez autant de toute autre, si vous veniez à en être chargé, et vous la trouveriez peut-être plus pesante. Le mal absent nous paraît toujours moindre que le mal présent, et si nous le désirons, c'est uniquement par impatience. Si les croix étaient laissées à votre choix, vous n'en prendriez aucune ; ou vous la choisiriez mal, et vous vous en repentiriez. Dieu sait mieux que vous ce qui vous est expédient ; il vous aime plus que vous ne vous aimez : il choisit mieux pour vous, que vous ne choisiriez vous-même, et s'il vous frappe dans un endroit sensible, c'est que le mal est là, et qu'il veut y appliquer le remède. » 1. Luc IX, 23. P. Jean-Nicolas Grou s.j. (1731-1803), L'Ecole de Jésus-Christ Tome premier (Vingt-troisième leçon), Société Saint-Augustin, Lille & Retaux-Bray, Paris, s.d. [1885] (Quatrième édition). |
« Venez à moi », « prenez mon joug » et « mettez-vous à mon école » : ce sont ces trois invitations adressées par Jésus à ses disciples que le Pape François a développées lors de l’audience générale ce mercredi 14 septembre 2016 place Saint-Pierre. Dans sa catéchèse, le Pape a expliqué que « l’invitation du Seigneur est surprenante : il appelle à le suivre des personnes simples et marquées par une vie difficile ». Si les fidèles en cette année jubilaire passent la porte de la miséricorde c’est « pour trouver Jésus, pour trouver l’amitié de Jésus, pour trouver le repos que seul Jésus donne ». Le Pape rappelle ainsi qu’en disant « venez à moi », Jésus s’adresse d’abord et avant tout à ceux qui sont fatigués et opprimés, aux pauvres et aux petits, à ceux « qui ne peuvent pas compter sur leurs propres moyens ni sur des amitiés importantes ». De même les fidèles d’aujourd’hui qui entreprennent de passer la porte sainte, expriment par ce chemin « la conversion de chaque disciple qui se met à la suite de Jésus », et « la conversion consiste toujours à découvrir la miséricorde du Seigneur, infinie et inépuisable ». « Prenez mon joug » reprend une image déjà utilisée dans la Bible. Jésus, cette fois, précise le Pape François, veut apprendre à ses disciples qu’ils découvriront la volonté de Dieu via sa personne et non au travers de lois et de « prescriptions froides ». « Lui, il est au centre de leur relation avec Dieu, il est au cœur des relations entre les disciples et se pose comme le cœur de la vie de chacun ». De là, vient le troisième enseignement : « mettez-vous à mon école ». Loin d’imposer avec sévérité un poids qu’il ne porte pas, il propose un chemin de connaissance et d’imitation. « Il comprend les pauvres et les souffrants parce que lui-même est pauvre et marqué par la douleur ». Cette capacité d’enseigner, Jésus l’a eue car il « s’est fait tout à tous, proche de tous, aux plus pauvres ! C’était un pasteur parmi les gens, parmi les pauvres : il travaillait avec eux toute la journée ». Le Pape fustige alors de nouveau certaines dérives de l’Église. « Jésus n’était pas un prince. Ce n’est pas bien pour l’Église quand les pasteurs deviennent des princes, loin des gens, loin des pauvres : ce n’est pas l’esprit de Jésus ». Enfin, le Pape François a encouragé les fidèles présents à ne pas se laisser submerger par la fatigue et la désillusion. Souvent, cela vient d’avoir fait confiance dans des choses qui ne sont pas essentielles et qui nous éloignent de ce qui vaut réellement dans la vie. « Nous sommes appelés à apprendre » du Seigneur « ce que signifie vivre de miséricorde pour être des instruments de miséricorde ». Source : Radio Vatican (XS). Résumé en français : « Frères et sœurs, dans le passage de l’Évangile que nous avons entendu, de façon surprenante, Jésus invite à le suivre des personnes simples et qui ont une vie difficile. En devenant ses disciples, elles reçoivent la promesse de trouver le réconfort pour toute leur vie. En recevant « le fardeau de Jésus », chaque disciple entre en communion avec lui et participe au mystère de sa croix et de son destin de salut. Jésus n’est pas un maître qui impose aux autres des poids que lui-même ne porte pas. Il s’adresse aux humbles et aux petits parce que lui-même s’est fait petit et humble. Le fardeau que les pauvres et les opprimés portent est le même que Jésus a porté avant eux, c’est pour cela qu’il est léger. Il a chargé sur ses épaules les souffrances et les péchés de toute l’humanité. En lui la miséricorde de Dieu s’est chargée de la pauvreté des hommes, donnant ainsi à tous la possibilité du salut. Le Seigneur nous enseigne à ne pas avoir peur de le suivre et à apprendre de lui ce que signifie vivre de miséricorde pour être à notre tour des instruments de miséricorde. » « Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les fidèles de l’archidiocèse de Rouen, avec Mgr Dominique Lebrun, les séminaristes de Lille avec Mgr Laurent Ulrich, la Fédération française des anciens élèves des Jésuites, ainsi que les pèlerins de Suisse et de Belgique. Dans les difficultés de la vie, prenons courageusement la route avec Jésus et nous ne serons pas seuls. Ne nous laissons pas enlever la joie d’être disciples du Seigneur ! Que Dieu vous bénisse ! » Source : site internet du Vatican. Texte intégral traduit en français sur Zenit.org. |