« La véritable prière au Christ est celle qui réalise la relation dans laquelle il nous a fait entrer. Dans cette prière nous demandons que le Christ nous donne de Le comprendre : nous contemplons le Seigneur ; nous méditons sur sa vie et ses paroles ; nous nous efforçons de pénétrer sa vérité. Nous laissons les saints enseignements du Christ ordonner et illuminer nos pensées ; nous demandons ce que nous devons faire pour Le suivre ; nous mettons notre vie dans la lumière de ses paroles et de ses actes. Nous demandons au Christ qu'il nous donne son amour ; et nous accoutumons notre coeur à entrer dans cet amour qui est tellement différent de ce que notre nature appelle amour ; nous nous efforçons d'en faire une puissance dans notre propre existence. Nous entrons dans l'acte rédempteur du Christ et Lui demandons d'être notre représentant devant la Justice du Père. Nous demandons à entrer dans ce recommencement dont le Christ a ouvert la porte, et nous prions pour que le mystère de la nouvelle création se réalise en nous. Dans la prière qu'il adresse au Christ, l'homme cherche la face du Fils qui est devenu homme pour nous, et il le fait avec confiance, parce que le Christ n'est pas simplement un personnage de l'histoire qui a jadis existé et puis n'a laissé d'autre trace derrière lui que celle de ses actions et de ses oeuvres. Le Christ, Lui, est vivant. Le Christ qui a jadis existé, existe encore, et il existera éternellement. Non pas un Christ lointain, qui s'est retiré dans sa gloire ; mais un Christ proche de nous, tourné vers chacun d'entre nous. Tout homme a le droit de dire : "Le Seigneur se préoccupe de moi ; Il me regarde ; Il opère mon salut. Il m'aime." Lorsque l'homme cherche le Christ de cette manière, il désire la même chose que le Seigneur ; car la volonté du Christ, c'est de devenir réalité et force en l'homme. Ce que l'homme fait sur la terre, avec ses faibles forces, le Christ le fait du ciel : Lui, à qui "Toute Puissance a été donnée". » Romano Guardini (1885-1968), Initiation à la prière, Trad. Jean Minéry s.j., Editions Alsatia, Paris, 1951. |