« Toute bonne volonté est louable, et par cette raison, quand vous formez un dessein de vous donner à Dieu, ce dessein mérite quelque louange, parce que la fin en est sainte ; mais aussi comme ce n'est pas assez d'avoir une fin vague et indéterminée, si l'on n'en vient aux moyens qui peuvent nous y faire parvenir, il faut dire que, vouloir la vertu en général et n'en former que des résolutions universelles, c'est ne pas vouloir ce que l'on propose, ou courir avec de vains efforts après une chose qu'en effet on ne veut pas, en disant qu'on le souhaite. Et voilà justement l'illusion de ces esprits pleins de désirs et de sentiments de ferveur. C'est pourquoi ne dites pas seulement, dans l'excès de vos ferveurs : Je veux aimer Dieu, je veux être patient, je veux être débonnaire : parler de cette sorte, c'est parler le langage de tout le monde qui n'en fait pourtant pas davantage, et c'est s'amuser de résolutions frivoles, où l'on se flatte que l'on dit tout cela de coeur, et où l'on ne dit néanmoins jamais guère la vérité... Ne vous arrêtez donc jamais à ces propositions trompeuses, mais parlez mieux, et dites : Je veux aimer par la voie des souffrances, et par tous les genres d'épreuves des créatures ; je veux être humble dans une telle et une telle occasion qui m'est familière et domestique, et qui répugne à l'orgueil de mon esprit ; je veux être mortifié principalement à l'égard d'une telle répugnance, d'un tel sens, d'une telle passion, où je n'ai qu'emportement, que recherche de moi-même, et que sensualité ; je veux être patient en telles conjectures fâcheuses, qui me sont assez ordinaires, et retenir mon coeur dans la paix, et ma gloire dans le silence ; je veux être doux et débonnaire, avec une telle humeur qui est toute contraire à la mienne, et parmi les aigreurs et les chagrins que mon propre esprit me cause souvent mal à propos. C'est ainsi qu'il faut former une résolution solide et efficace, qui retire l'esprit des idées générales, ou plutôt qui le retire d'une oisiveté superbe, pour l'appliquer et le faire descendre aux actions particulières. » R.P. F. Guilloré s.j., Maximes spirituelles pour la conduite des âmes (Liv. IV, Maxime IV ch. II), Nouvelle édition, Guyot Frères, Lyon - Paris, 1850. |
Jubilate Deo universa terra; psalmum dicite nomini ejus; venite et audite, et narrabo vobis, omnes qui timentis Deum, quanta fecit Dominus animæ meæ. Alleluia. |