« Seigneur, vous écoutez la plus humble prière, Et le cri de l'insecte et celui de l'oiseau, Et cet agneau perdu qui demande sa mère, Et cette herbe séchée à qui manque un peu d'eau. Votre nom prononcé rafraîchit la pensée ; Il rayonne dans l'ombre où je m'enveloppais. Toute larme pieuse, à vos genoux versée, Est, pour un coeur souffrant, le baume de la paix. Vous m'entendrez, Seigneur, car je pleure et j'espère ! J'élève à vous mon coeur par le monde abattu. J'espère ! et votre loi, tendre comme une mère, De la douce espérance a fait une vertu. Redonnez-moi, Seigneur, la vie et le courage ; Que j'aille en vous servant jusqu'à la fin du jour ; Dissipez des erreurs le stérile nuage Au rayon de la foi rallumé par l'amour. L'orgueil ferme le coeur aux innocentes joies Et tient la porte ouverte à l'ennui triomphant. Donnez-moi, pour marcher humblement dans vos voies, La raison du vieillard et la foi de l'enfant. Alors, Seigneur, alors, mon âme calme et forte Souffrira, sans colère et sans fougueux transports Le mal que chaque jour et chaque nuit apporte A cette argile de mon corps. 1852. » Victor de Laprade (1812-1883), Extrait de Les oeuvres de la foi (V) "Oeuvres poétiques de Victor de Laprade. Poèmes évangéliques", Paris, Alphonse Lemerre, s.d. (v.1875) Texte intégral en ligne sur Wikisource. |