« Dans le fond de votre âme, il reste cette vieille habitude par laquelle on se recherche soi-même en tout ce que l'on fait. En cet état, le premier mouvement se porte vers soi, au lieu que l'on devrait aller toujours tout droit vers Dieu et agir uniquement en lui et pour lui. Quand, au contraire, on a une fois acquis l'habitude de se porter en premier lieu vers Dieu, on a rendu Dieu le maître absolu de son âme, et il faudrait alors un effort pour se détourner de lui. La grande source du péché, qui réside dans la chair, est comme tarie ; car elle consiste précisément dans cette tendance qui courbe toujours notre pauvre âme sur elle-même. Voilà pourquoi, mon très cher, je vous exhorte à vous habituer à tenir votre âme unie à Dieu, non pas tant par l'esprit que par la volonté et le fond de votre être. De la sorte, vous adhérerez à Dieu, vous désirerez Dieu, vous vous porterez vers Dieu en toutes choses. Allez en cela en toute douceur, en toute paix et suavité, et n'en faites pas un travail ; car ce serait encore vanité et affliction d'esprit ; ce serait encore pour vous que vous travailleriez, et non pas pour Dieu.
[...]
Comment donc nous tirer d'affaire ? En visant doucement à notre très aimé Seigneur Jésus, qui est notre tout aimable médecin, en nous tenant dans notre bassesse et pauvreté devant lui, et en suivant paisiblement et doucement le mouvement et l'impulsion qu'il nous donne. Prenez l'habitude de cette union à Jésus ; ayez souvent l'oeil de votre âme tourné vers lui, et l'oreille intérieure attentive à sa divine voix.
C'est en Notre-Seigneur et par Notre-Seigneur qu'il faut tout acquérir, et non par vos inquiétudes et votre travail. »

Vénérable François Libermann (1802-1852), Lettres spirituelles du vénérable Libermann Tome II, (Lettre CXXXVIII à un jeune prêtre, 13 novembre 1838), Paris, Librairie Poussielgue Frères, s.d.

Biographie :
http://www.spiritains.org/qui/figures/defunts/libermannf.htm
http://www.spiritains.org/parole/liberm.htm

Quelques écrits en ligne :
http://spiritains.free.fr/sources/libermann/textesspirituels/textendx.htm