« Dans le courant de ce jour, où tu vaqueras à l’amour, afin que tes sens soient embrasés du vrai Soleil qui est Dieu, et que ta flamme ne s’éteigne pas, mais que tu ailles toujours croissant en amour, tu rumineras assidûment un de ces versets : Bienheureux les yeux qui te voient, ô amour Dieu ! Oh ! quand donc arriverai-je là où tu es, ô Dieu vraie lumière, Dieu et agneau ? Je sais qu’enfin je te verrai de mes yeux, ô Jésus, Dieu mon Sauveur ! Bienheureuses les oreilles qui t’entendent, ô amour Dieu, Verbe de vie ! Oh ! quand donc serai-je consolée de ta parole pleine d’une suavité plus douce que le miel, et par elle appelée vers toi ? De grâce, que je n’aie point à craindre la sentence formidable, mais que j’entende bientôt ta voix m’appelant à la gloire. Amen. Bienheureux l’odorat qui te respire, ô amour Dieu, très doux arôme de vie ! Oh ! quand donc soufflera pour moi la suave odeur de ta divinité d’où coule le miel ? De grâce, que bientôt j’arrive aux pâturages riches et délicieux de ta vision éternelle. Amen. Bienheureuse la bouche qui goûte, ô amour Dieu, tes consolantes paroles plus douces que le miel, que le miel en rayon ! Oh ! quand mon âme sera-t-elle donc nourrie, rassasiée de ta divinité, et enivrée de l’abondance de tes délices ? De grâce, mon Seigneur, qu’ici-bas je goûte combien tu es doux, afin que là dans l’éternité, j’aie le bonheur de jouir de toi, ô Dieu de ma vie. Amen. Bienheureuse l’âme qui dans un embrassement d’amour s’est inséparablement attachée à toi, et bienheureux le coeur qui sent le baiser de ton coeur, ô amour Dieu, contractant avec toi une alliance d’indissoluble amitié. Oh ! quand donc serai-je serrée dans tes bras, ô Dieu de mon coeur, et quand donc te verrai-je sans milieu ? De grâce que bientôt, bientôt retirée de cet exil, je voie dans la jubilation ta face d’où coule le miel. Amen. » Ste Gertrude, Les Exercices, Cinquième exercice, pour exciter le divin amour (Oraison et versets), Trad. du Père Emmanuel, OSB oliv., Paris, 1919. |