« Tu dois avoir lu certainement, dans l'Evangile de Saint Jean, le chapitre 14, verset 23 : "Celui qui m'aime et observe ma doctrine, mon Père l'aimera et nous viendrons chez lui et nous ferons en lui notre demeure." Mais pour être la maison de Dieu il faut accomplir sa doctrine, pratiquer les vertus. La première vertu - je crois - doit être la pureté. Tu dois t'efforcer de te purifier le plus vite possible de tes fautes, demander tout de suite pardon à Notre Seigneur. De plus, nous efforcer constamment de déraciner nos défauts dominants par des actes contraires à ces défauts. Bien qu'il soit impossible d'en être libérés immédiatement, Dieu voit nos désirs et se contente de ce que nous voulions nous en purifier. Une fois ce désir formulé, chère petite soeur, dire à Notre Seigneur qu'il vienne demeurer dans notre âme car, bien qu'elle soit pauvre et pas encore très pure, nous ferons notre possible pour qu'elle soit toujours plus agréable à ses yeux. Dis-lui ensuite que tu la lui donnes, que tu veux qu'elle soit son refuge, son asile contre ses ennemis. Qu'il vive là avec toi et que, même si souvent tu en viendras à l'offenser, ce ne sera jamais volontaire, mais par faiblesse.
Dis-lui que tu l'aimes et que tu désires vivre en intime union avec lui. Quand nous avons un ami chez nous, nous ne le laissons pas seul, mais, si nous sommes très occupées, nous nous efforçons d'aller le voir pour lui parler de temps en temps. Tu feras ainsi avec Jésus. Avant de commencer quelque action, tu lui diras que tu la lui offres, seulement par amour et non pas dans l'intention qu'elle soit vue des créatures, mais pour le servir et parce que tu l'aimes. Ensuite tu l'adoreras, tu lui diras que tu l'aimes, qu'il te pardonne tes fautes et tu agiras avec lui comme si tu étais à Nazareth. Ainsi tu vivras avec Dieu et tu pourras lui parler sans que personne le sache. Au début, cela te coûtera de te recueillir, mais ensuite ce sera habituel d'être en toi avec Dieu. Tu essaieras aussi de voir ton néant et la grandeur de Dieu afin que, te connaissant et le connaissant, tu te méprises davantage et tu aimes Dieu davantage. »
Teresa de los Andes (1900-1920), Correspondance, Lettre 82 (s.d.), Le Cerf, Paris, 1995.
|