Le Pape François est arrivé à Prato, ville industrielle de Toscane où vivent quelques 20.000 Chinois, travaillant parfois près de 18 heures par jour. Accueilli par des milliers de fidèles sur la place de la cathédrale à Prato, le Saint-Père a d’abord souligné la richesse de la ville : « Je suis venu comme un pèlerin, un pèlerin de passage, dans cette ville riche en histoire et de beauté, qui, au fil des siècles, a mérité son nom de "ville de Marie". Vous avez de la chance, a-t-il ajouté, car vous êtes entre de bonnes mains ! » S’adressant à un parterre composé de très nombreux Italiens, il a ensuite rappelé que le Seigneur exhortait encore « aujourd’hui plus que jamais, à ne pas rester enfermés dans l’indifférence mais à s’ouvrir », à se sentir appelés et prêts à laisser quelque chose derrière soi pour rejoindre quelqu’un, avec qui partager la joie de rencontrer le Seigneur, mais aussi la fatigue d’avoir marché sur sa route (…), à sortir pour aller à la rencontre des hommes et femmes de notre temps ». Évoquant le décès de deux travailleuses chinoises lors d’un incendie il y a deux ans à Prato, le Pape a également dénoncé la tragédie que représente l’exploitation des vies humaines. Vivre entassés dans d’étroites structures de carton et de plâtre, dormir dans des lits superposés installés dans un coin de l’atelier de couture pour économiser, « ce n’est pas ça le travail digne ». Le Souverain Pontife a remercié les Toscans pour les efforts constants qu’ils réalisent pour intégrer les personnes. « En ces temps d’incertitude et de peur, vos initiatives pour les plus faibles et la famille sont louables ». Pour le Pape, il n’est pas possible de fonder quelque chose de sain sur une base de mensonge et de manque de transparence. « Rechercher et choisir la vérité n’est pas facile, mais c’est une décision vitale qui doit marquer profondément l’existence de chacun et de la société pour qu’elle soit plus juste et honnête. » « La sacralité de chaque être humain exige que chacun soit respecté, accueilli et pourvu d’un travail digne ; la vie de chaque communauté exige qu’on combatte jusqu’au bout le fléau de la corruption et le poison de l’inégalité », a-t-il insisté. Il a encouragé les fidèles, et en particulier les jeunes, à ne pas se lasser de combattre pour la justice et pour la vérité, mais aussi à ne pas se laisser aller au pessimisme. « Si l’un de nous se sent fatigué ou oppressé par les circonstances de la vie, qu’il se fie à notre Mère, qui se fait proche et console ». Source : Radio Vatican. Texte intégral du discours traduit en français sur le site internet du Vatican et sur Zenit.org. Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican. |
Le Pape François s'est adressé aux évêques et aux fidèles venus l’écouter en grand nombre dans la Cathédrale Santa Maria del Fiore, dans le cadre du 5e Congrès ecclésial italien. En introduction, il a accueilli le témoignage de fidèles qui sont entrés dans la foi par des chemins détournés. Il a ainsi écouté la parole d’une femme baptisée tardivement, d’un couple qui s’est reconstruit avec la foi après un divorce et d’un Albanais arrivé clandestinement 22 ans plus tôt en Italie et qui s’est reconstruit à travers l’Église. Dans son intervention sur le thème "le nouvel humanisme dans le Christ Jésus", le Pape a adressé un message aux catholiques italiens, les invitant à avoir un comportement humble, désintéressé et inspiré par les Béatitudes, sans sous-estimer les difficultés et les tentations auxquelles les hommes sont confrontés. Il a aussi rappelé à l’Église de rester ouverte au dialogue. « Où que vous soyez, ne construisez pas de murs, ni de frontières, mais des places et des hôpitaux. » « Notre devoir est de travailler pour faire de ce monde un meilleur poste et lutter. Notre foi est révolutionnaire pour une impulsion qui vient de l'Esprit Saint. Nous devons suivre cette impulsion pour sortir de nous-mêmes, pour être des hommes selon l'Évangile de Jésus. Toute vie se décide sur la capacité à se donner. C'est là qu'elle se dépasse, qu'elle arrive à être féconde. » « Si l'Église n'assume pas les sentiments de Jésus, elle se désoriente, elle perd le sens. Si elle les assume, au contraire, elle sait être à la hauteur de sa mission. » Le Pape, vivement applaudi, a demandé que l'Église italienne « soit une Église libre et ouverte aux défis du présent, jamais dans une position défensive par peur de perdre quelque chose ». Il a rappelé que « la proximité aux gens et la prière sont la clé pour vivre un humanisme chrétien populaire, humble, généreux, heureux. Si nous perdons ce contact avec le peuple fidèle de Dieu, nous perdons en humanité et nous n'allons nulle part (...). Le Seigneur a versé son sang, non pas pour quelques-uns, ni pour peu, ni pour beaucoup, mais pour tous ! » a-t-il martelé. Le Saint Père a terminé son discours en donnant une indication à l’Église du chemin à suivre : « dans chaque communauté, paroisse et institution, de tous les diocèses et circonscriptions, essayer d’entreprendre, de facon synodale, un approfondissement de l’exhortation apostolique Evangelii gaudium, pour en tirer des critères pratiques et en actualiser les faits. » Le cardinal Angelo Bagnasco, Archevêque de Gênes et Président de la Conférence épiscopale italienne, a remercié le Saint-Père de montrer l’exemple « d’un homme humble, désintéressé et joyeux » et a exprimé « soutien et obéissance » inconditionnels des évêques à l’égard de sa personne et de l’Église. Le Pape François a ensuite rencontré des personnes malades, à la chapelle de l'Annunziata. Il a récité la prière de l'Angélus avec eux et les a salués individuellement, avant de se rendre à pied à la Table de Saint François, place de l'Annunziata, pour un déjeuner partagé avec des pauvres. Source : Radio Vatican (CV-CC). Texte intégral du discours traduit en français sur le site internet du Vatican et sur Zenit.org. Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican. |
En conclusion de sa visite à Florence, le Pape François a présidé la messe au stade Artemio-Franchi, stade de l'équipe de football de la Fiorentina, où plus de 50 000 personnes avaient pris place. Cette messe a été célébrée en présence de nombreux évêques et personnalités comme Agnese Renzi, la femme du président du Conseil italien Matteo Renzi, venue avec ses enfants pour représenter son mari, absent pour raison d'agenda surchargé. Lors de son homélie, le Souverain Pontife a exhorté les fidèles à « rester en contact avec ce que vivent les gens, leurs joies et leurs peines, à l'image de Jésus ». Le compte rendu d'Olivier Bonnel est à écouter sur Radio Vatican. Texte intégral de l'homélie traduite en français sur le site internet du Vatican et sur Zenit.org. Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican. |
« Les divins commandements, bien-aimés, aussi bien que l'institution apostolique, nous ont appris que tout homme placé parmi les périls de cette vie doit chercher par l'exercice de la miséricorde la miséricorde de Dieu. Quelle espérance, en effet, pourrait relever ceux qui sont tombés, quel remède guérir les blessés, si les aumônes ne déliaient les fautes, et si les besoins des pauvres ne devenaient l'antidote des péchés ? Le Seigneur avait dit : « Heureux les miséricordieux, parce que Dieu leur fera miséricorde » (1) ; or il a montré suivant quelle règle de justice se fera tout cet examen par lequel, sa majesté présente, il doit juger le monde : une fois élucidée la seule question de la qualité de nos oeuvres au regard des pauvres, tout sera prêt pour que les impies aillent brûler avec le diable et les bons régner avec le Christ. Quelles actions ne mettra-t-on pas alors sous les yeux de tous ? Quels secrets ne dévoilera-t-on pas ? Quelles consciences pourront rester cachées ? Nul alors ne se glorifiera d'avoir le coeur chaste ou d'être pur de péché (2). Mais, parce que la miséricorde sera élevée au-dessus du jugement (3) et que les dons inspirés par la clémence primeront toute rétribution exigée par la justice, la vie entière des mortels et leurs actes les plus divers seront estimés d'après une règle unique, à savoir que nulle mention de la moindre faute ne sera faite là où, de l'aveu du Créateur, se seront trouvées des oeuvres de bonté. Ceux qui seront mis à gauche n'auront donc pas fait que ce qu'on leur reprochera, et ce n'est pas parce qu'on les montrera alors étrangers aux actes d'humanité qu'ils seront trouvés exempts d'autres péchés ; mais, coupables en beaucoup de choses, ils seront surtout condamnés pour n'avoir pas racheté leurs crimes par une seule aumône. Car c'est le fait d'un coeur très dur de n'être pas ému par la misère, quelle qu'elle soit, de ceux qui souffrent, et celui qui, ayant le moyen de soulager, ne secourt pas l'affligé, est aussi injuste que s'il opprimait le faible ; quel espoir dès lors restera-t-il au pécheur s'il ne fait miséricorde afin de recevoir lui-même miséricorde ? C'est pourquoi, bien-aimés, celui qui n'est pas bon pour les autres, est d'abord méchant pour soi-même, et il nuit à sa propre âme en ne secourant pas celle d'autrui comme il le pourrait (4). » 1. Matth. V, 7. 2. Cf. Prov. XX, 9. 3. Jac. II, 13. 4. Ainsi saint Augustin : « Quid verius, quid justius, ut qui dare detrectat se fraudet ipse ? » : « Quoi de plus conforme à la vérité, à la justice, que celui qui refuse de donner se prive lui-même du plaisir de recevoir ? » (Sermon CCVI, in Quadragesima, II, 2. P.L., XXXVIII, 1041). St Léon le Grand, Sixième Sermon sur les Collectes (XI, I), in "Sermons" Tome II, Trad. Dom René Dolle, Sources Chrétiennes n°49, Editions du Cerf, 1957. |