Prière de Madame Elisabeth de France :

Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu ?
Je l’ignore.
Tout ce que je sais, c’est qu’il n’arrivera rien que Vous n’ayez prévu de toute éternité.
Cela me suffit, ô mon Dieu, pour être tranquille.
J’adore Vos desseins éternels et je m’y soumets de tout mon coeur ;
je veux tout, j’accepte tout, je fais un sacrifice de tout ;
j’unis ce sacrifice à celui de Votre cher Fils, mon Sauveur, Vous demandant par Son Sacré Coeur et par Ses mérites infinis la patience dans nos maux et la parfaite soumission qui Vous est due pour tout ce que Vous voudrez et permettrez.
Ainsi soit-il.

« On demanda une fois à un ancien solitaire comment il pouvait souffrir si patiemment les outrages que lui faisaient quelques enfants libertins lorsqu'il passait par les rues ; il répondit divinement bien, que c'était pour se préparer à souffrir ceux des hommes, qui sont plus ignorants et plus offensants : Si je me formalise, disait-il, de ces railleries d'enfants, comment aurai-je le courage de supporter les affronts de ceux qui passent pour les plus judicieux ? Il faut m'accoutumer par cette petite guerre, à soutenir des combats plus violents. On ne parvient pas tout à coup à remporter des victoires illustres, il faut vaincre longtemps dans les petits occasions avant qu'on acquière des couronnes éclatantes.

Avez-vous pensé pourquoi Loth, ayant reçu commandement de l'ange de s'enfuir sur la montagne pour éviter l'embrasement de Sodome, s'arrêta dans une petite ville nommée Ségor qui était sur son chemin, avant de monter au haut de cette colline ? Croyez-vous que ce fût sans mystère qu'il s'arrêta dans cette ville ? Saint Cyrille ne l'a pas cru de la sorte, et voici celui qu'il y a trouvé, et quelle est sa réflexion sur ce sujet, que je vous prie d'écouter attentivement : C'est, dit-il, pour nous apprendre cette importante vérité, "que lorsque nous avons fui Sodome, qui est le monde, pour aller à la montagne de la perfection, il ne faut pas prétendre y aller tout à coup ; il faut s'arrêter quelque temps dans la plaine avant de monter si haut, c'est-à-dire, pour trancher court, il faut s'exercer longtemps dans les petites occasions avant de tenter les plus difficiles."
Et par conséquent, n'est-ce pas renoncer à sa perfection que de négliger les petites choses, puisque c'est quitter le chemin qui doit nous y conduire, et mettre bas les armes qui nous la doivent obtenir ? »

R.P. Modeste de Saint-Amable (Amable de Rogier - famille De Bourbon), Le Parfait Inférieur ou L'Art d'obéir (Tome III, ch. VIII), Nouvelle édition, Libraire catholique Périsse Frères, Lyon - Paris, 1860.

« Oh ! que Dieu a fait de grandes choses ! Que son Amour infini a opéré de merveilles ! Mais que le regard de l'homme est faible et peu éclairé ! Que l'intelligence humaine est pauvre ! Il y aurait de quoi entrer dans une extase d"amour, mais le poids de notre misère est trop lourd ! »

[Vénérable Louise Marguerite Claret de la Touche (1868-1915)], Le Sacré-Coeur et le Sacerdoce, Beauchesne - Nouvellet - Casterman, Saint Bénigne (Piémont), Librairie Don Bosco, 1910.