« Nous recevons dans l'Eucharistie Jésus-Christ, non en figure, comme le recevaient les Juifs lorsqu'ils mangeaient l'agneau pascal, mais en vérité ; non seulement en esprit, comme on le reçoit dans la communion spirituelle, mais réellement, véritablement, substantiellement. c'est le même Dieu que le Père produit de toute éternité dans son sein, et que la sainte Vierge a possédé pendant neuf mois dans ses chastes entrailles.
"Je le crois, Seigneur, suppléez à la faiblesse de ma foi : Credo, Domine ; adjuva incredulitatem meam (Mc 9)."
Oui, le prêtre vous produit à l'autel, vous qui êtes le Fils unique de Dieu, "Ego hodie genui te (Ps 2)." Et moi, quand je communie, je participe au bonheur de votre Mère, qui vous a porté dans son virginal sein, "Beatus venter qui te portavit (Lc 11)." Je m'unis à ses dispositions, et vous offre les saints transports de sa reconnaissance : "Mon âme glorifie le Seigneur... Magnificat anima mea Dominum (Lc 1)."
Puisque nous recevons Jésus-Christ en vérité, nous le recevons donc avec toutes ses perfections, ses qualités, ses vertus, ses mérites. Pesons bien tout ceci.
Nous avons, après la communion, en nous-mêmes, ce Jésus qui est un Dieu éternel, immense, infini ; ce Jésus, notre Créateur, notre conservateur, notre Sauveur, notre juge ; ce Jésus qui peut tout dans l'ordre de la nature, de la grâce et de la gloire ; ce Jésus si doux, si humble, si patient, si charitable ; ce Jésus dont un seul acte a été d'un mérite plus grand que toutes les actions des anges et des saints. "En lui nous sommes comblés de toutes les richesses : In omnibus divites facti estis in illo (I Cor 1)".
Ah ! quelle reconnaissance ne dois-je pas avoir pour tant et de si grands bienfaits ! quelle confusion d'en avoir si peu profité !
O mon Jésus ! faites-moi la grâce de recevoir une effusion de votre esprit, en recevant votre corps ; de participer à vos mérites et à vos vertus, en participant à votre chair sacrée et à votre précieux sang ! »
R.P. Fr. Matthieu-Joseph, La Journée Eucharistique (Troisième Partie), Librairie chrétienne de Bauchu et Cie, Paris-Lyon, 1865.
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