« Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent […]. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra. » Matthieu VI, 16-18 |
Le Pape François a présidé, ce mercredi 10 février 2016, la messe du Mercredi des Cendres qui marque le début du Carême, un temps de pénitence qui prend un relief particulier en cette Année jubilaire de la Miséricorde. Cette année, comme ce fut le cas en 2013 peu après l’annonce de la renonciation de Benoît XVI, cette célébration s’est tenue à la basilique Saint-Pierre, et non à la basilique Sainte-Sabine, sur l’Aventin, comme c’est la tradition. Cette cérémonie s'est tenue en présence des reliques de Saint Padre Pio et de Saint Leopold Mandic, les deux confesseurs capucins, exposées depuis vendredi au Vatican. Dans son homélie, le Pape s’est adressé, notamment, aux plus de 700 missionnaires de la miséricorde présents pour leur envoi en mission, en centrant une nouvelle fois sa réflexion sur le thème de la réconciliation. « Les missionnaires de la miséricorde sont présents à cette cérémonie pour recevoir le mandat d’être des signes et des instruments du pardon de Dieu, a donc rappelé le Saint-Père. Chers frères, puissiez-vous aider à ouvrir les portes des cœurs, à dépasser la honte, à ne pas fuir de la lumière. Que vos mains paternelles bénissent et soulagent vos frères et sœurs ; qu’à travers vous le regard et les mains du Père se posent sur ses fils et guérissent leurs blessures ! » Le Pape François a construit sa méditation autour des appels de saint Paul : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu », et du prophète Joël : « revenez à moi de tout votre cœur ». Il a rappelé que Dieu « triomphe du péché et nous relève de nos misères, si nous les lui confions ». Et cela relève de la grâce, mais aussi de la responsabilité individuelle de chacun : « C’est à nous que revient de reconnaître notre besoin de miséricorde : c’est le premier pas du chemin chrétien ; il s’agit de franchir la porte ouverte qui est le Christ où Lui-même nous attend, le Sauveur, et nous offre une vie nouvelle et joyeuse. » Le Pape a ensuite listé les freins qui empêchent de nombreuses personnes de se laisser embrasser par le pardon de Dieu : « Il y a la tentation de blinder les portes, et de cohabiter avec son péché en le minimisant, en se justifiant toujours, en pensant de ne pas être pire que les autres ; mais en faisant ainsi, les verrous de notre âme se ferment, et nous restons enfermés en nous-mêmes, prisonniers du mal ». Il a aussi évoqué comme un obstacle « la honte d’ouvrir la porte secrète de notre cœur », précisant toutefois que « la honte en réalité est un bon symptôme parce qu’elle indique que nous voulons nous détacher du mal ; cependant elle ne doit jamais se transformer en crainte ou en peur ». Il a enfin évoqué « un troisième piège, celui de nous éloigner de la porte. Cela arrive lorsque nous nous terrons dans nos misères, quand nous ruminons continuellement, reliant entre elles les choses négatives jusqu’à plonger de manière abyssale dans les caves les plus sombres de notre âme. » Face à ces trois risques, le Pape a rappelé que la tradition chrétienne offre trois « médicaments » pour soigner nos maladies, nos névroses, nos freins intérieurs : ces trois remèdes sont la prière, la charité vécue activement, et le jeûne, ou plus largement, la pénitence. Le Pape a enfin lancé ce vœu rempli de bienveillance mais aussi de fermeté : « Que le Carême soit un temps bénéfique pour nous couper de la fausseté, de la mondanité, de l’indifférence ; pour ne pas penser que tout va bien si je vais bien ; pour comprendre que ce qui compte vraiment n’est pas l’approbation, la recherche du succès ou du consensus, mais le nettoyage du cœur et de la vie pour retrouver l’identité chrétienne, c’est-à-dire l’amour qui sert et non l’égoïsme qui nous sert. » Source : Radio Vatican. Texte intégral de l'homélie traduite en français sur notre blog. Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican. |
« Ne jeûnez plus ce Carême comme vous avez jeûné les autres années, revenez de vos erreurs et de vos égarements, il est encore temps de vous jeter entre les bras de la miséricorde, encore quarante jours pour le jeûne et pour la pénitence [...]. Ah ! commencez donc à jeûner comme il faut, [...] : voici des jours de miséricorde et de salut que l'Eglise vous présente, : voici un temps favorable, où tout est une marque de bonté et des fruits précieux de rédemption, : jamais temps ne fut plus propre à vous réconcilier avec Dieu que vous avez tant offensé, et à expier les péchés dont votre âme est souillée ; mais loin d'en abuser, montrez-y plus que dans tout autre temps une patience plus invincible dans les injures, dans les persécutions, dans les mépris, ; souffrez les afflictions, les calamités, les misères, les pertes, les maladies, les disgrâces, les revers, comme des grâces que le Seigneur vous fait en vous les envoyant, [...]. Ah ! si vous n'êtes pas dignes d'être les heureux captifs et les martyrs de la Religion que vous professez, signalez-vous du moins par le soulagement des prisonniers, par les liens aimables de la charité envers les pauvres et les nécessiteux , ; [...] appliquez-vous à de saintes lectures, à des oraisons ferventes, et vous y instruisez de Jésus-Christ et de ses saintes volontés : écoutez-y avec attention et docilité les paroles de vérité qui vous y sont annoncées pour les mettre en pratique, ; efforcez-vous d'être plus véritables, c'est-à-dire plus sincères, plus chastes, plus doux, plus charitables ; que les Anges du Ciel qui se réjouiront de votre conversion voient en vous dans ce saint temps plus de circonspection, plus de modestie, plus de simplicité, plus d'union avec vos ennemis, avec votre famille, avec votre prochain : exercez-y avec amour, avec joie, avec courage les oeuvres les plus pénibles qui vous sont commandées en ce temps de pénitence. Surtout sanctifiez-y le jeûne commun par celui des sens et du coeur, et vous serez assez pénitents et assez purs pour mériter une couronne de gloire dans l'immortalité bienheureuse que je vous souhaite, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen. » Sermon pour le Jour des Cendres (Second Point), in "Sermons des plus célèbres prédicateurs de ce temps, pour le Caresme", Fidèlement recueillis par un Ecclésiastique de Malines, Tome premier, A Anvers, 1736 (et A Bruxelles, 1740). |
Ce matin, au cours de l'audience générale, Place Saint-Pierre, le Saint-Père a consacré sa catéchèse au sens biblique du Jubilé. Il a expliqué que tous les cinquante ans, au jour de l'expiation, avait lieu un grand évènement de libération. Cela consistait en une sorte de rémission générale qui effaçait les dettes et permettait aux propriétaires débiteurs de récupérer leurs terres. L'idée centrale est que la terre appartient à Dieu et a été confiée aux hommes qui sont ses administrateurs. Le Jubilé biblique était un vrai Jubilé de la miséricorde qui avait pour fonction d'aider le peuple à vivre une fraternité concrète en cherchant, par une aide réciproque, le bien du frère nécessiteux. Il a ajouté que d'autres institutions, comme le versement de la dîme et les prémices, ou l'interdiction de prêter avec des intérêts disproportionnés, étaient aussi destinées à aider les pauvres, les orphelins et les veuves. Le message du Jubilé biblique nous invite à construire une terre et une société basée sur la solidarité, le partage et la juste répartition des ressources. Le Saint-Père a souligné que si le Jubilé n'arrive pas à nos poches, ce n'est pas un vrai Jubilé, et cela “est dans la Bible, ce n'est pas le Pape qui l'invente”, a-t-il poursuivi. “Nous sommes tous des hôtes du Seigneur, en attente de la patrie céleste, appelés à rendre habitable et humain le monde qui nous accueille. Et combien de prémices, le plus fortuné pourrait-il donner à celui qui est en difficulté ! Les prémices, ne sont pas seulement des fruits des champs, mais de tout autre produit du travail, des salaires, des économies, de tant de choses que l'on possède et que l'on gaspille souvent. Cela arrive aussi aujourd'hui. En pensant à cela, l'Ecriture Sainte exhorte avec insistance à répondre généreusement aux demandes de prêts, sans faire de calculs mesquins et sans prétendre à des intérêts impossibles... Cet enseignement est toujours actuel. A combien de situations d'usure sommes-nous contraints d'assister - s'est exclamé le Pape - et combien de souffrance et d'angoisse apportent-elles aux familles ! Et souvent, par désespoir, combien d'hommes finissent par se suicider parce qu'ils n'en peuvent plus, il n'ont plus d'espérance, ils n'ont pas de main ferme qui les aide, seulement la main qui leur demande de payer les intérêts ! L'usure est un péché grave qui crie devant Dieu. Cependant le Seigneur a promis sa bénédiction à celui qui ouvre sa main pour donner largement. Il te donnera le double, peut-être pas en argent, mais en autre chose, mais le Seigneur te donnera toujours le double”. Avant de conclure, le Pape a rappelé que “si nous voulons la miséricorde, commençons par faire, nous, la miséricorde entre citoyens, dans les familles, les peuples et les continents. Contribuer à réaliser une terre sans pauvres, signifie construire une société sans discrimination, basée sur la solidarité qui conduit à partager ce que l'on possède, dans une distribution des ressources fondée sur la fraternité et la justice”. Au terme de sa catéchèse hebdomadaire, le Pape a rappelé que demain, mémoire liturgique de Notre Dame de Lourdes, est aussi la XXIVe Journée mondiale du malade. Ayant consacré son message 2016 à la tendresse de Dieu et à l'immense bonté de Jésus miséricordieux qui se réfléchissent dans la sollicitude de Marie à Cana, il a invité à prier pour les malades et à les entourer d'amour, à être attentifs à leurs besoins les plus imperceptibles. Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 10.2.16). Résumé : « Frères et sœurs, le Jubilé était une institution importante d’Israël, un événement de libération, où la miséricorde du Seigneur était invoquée sur le peuple. Il s’agissait, tous les 50 ans, d’une sorte de rémission générale des dettes, une restitution des terres qui aidait à combattre l’inégalité, en permettant aux pauvres de retrouver le nécessaire pour vivre. La terre appartient à Dieu, les hommes ne peuvent s’en attribuer une possession exclusive. Le Jubilé aidait le peuple à vivre une fraternité concrète. D’autres institutions permettaient d’expérimenter la miséricorde de Dieu : la « dîme » prévoyait que la dixième partie des revenus soit versée au pauvres, aux veuves et aux orphelins ; les « prémices », première partie des récoltes, étaient réservées aux prêtres et aux étrangers. Combien de situations d’usure, de nos jours, causent de la souffrance et de l’angoisse aux familles. Or, le Seigneur a promis sa bénédiction à celui qui donne avec largesse. » « Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes venus de Suisse et de France. Nous entrons aujourd’hui en Carême. Je vous invite à prier les uns pour les autres en ce temps de conversion afin que nous puissions ensemble expérimenter la miséricorde du Seigneur et la transmettre aux plus pauvres d’entre nous. Que Dieu vous bénisse. » Source : site internet du Vatican. Texte intégral traduit en français à venir sur Zenit.org. Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican. |