« Il en a plus coûté à Jésus-Christ de devenir un Dieu caché que de rester et se montrer le Dieu de la gloire. La gloire lui est propre, elle découle naturellement de sa nature divine, comme les rayons du soleil. Aussi la gloire du Thabor ne fut pas un miracle de Jésus-Christ, elle fut au contraire la suspension momentanée du miracle constant de son état d'anéantissement. Mais quand Jésus-Christ ressuscité, glorieux, triomphant dans le ciel voile, éclipse sa gloire divine et humaine et vient habiter en Dieu caché, en Dieu anéanti au milieu des hommes dans le saint tabernacle, et cela jour et nuit, dans les temples magnifiques que la piété des adorateurs lui ont élevés comme sous la tente de l'Africain nomade, dans l'humble case du sauvage, voilà le grand, le plus grand des miracles de Jésus Sauveur. Voilà la plus grande preuve de son amour pour nous, voilà ce qui confond, épouvante même notre raison. En se cachant, Jésus ne fait que tempérer l'éclat de sa majesté par le voile eucharistique des saintes espèces, pour nous encourager à aller en toute confiance vers le trône de son amour... Si Jésus tout bon et tout aimable n'eût pas voilé son adorable face, son corps glorieux au saint tabernacle, jamais nous n'aurions osé l'approcher, lui parler, le regarder même ! » St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), Prédications, 115, 2. |