« O mon Dieu, Vous surabondez en miséricorde ! Vivre par la foi est ma nécessité, à cause de mon mode présent d'existence, et à cause de mes péchés ; mais Vous avez prononcé une bénédiction sur cet état. Vous avez dit que je serais plus heureux si je croyais en Vous que si je Vous voyais. Donnez-moi ce bonheur, donnez-le moi dans sa plénitude. Rendez-moi capable de croire comme si je voyais : que je vous aie toujours présent à l'esprit comme si Vous m'étiez toujours corporellement et sensiblement présent. Que je me maintienne toujours en communion avec Vous, mon Dieu caché, mais mon Dieu vivant. Vous êtes dans le plus intime de mon coeur. Vous êtes la vie de ma vie. Chaque souffle de ma poitrine, chaque pensée de mon esprit, chaque bon désir de mon coeur vient de la présence en moi du Dieu invisible. Par la nature et par la grâce, Vous êtes en moi. Je ne Vous vois que vaguement dans le monde matériel, mais je reconnais votre voix dans ma propre conscience intime. Je me retourne, et je dis : Rabboni ! Oh ! soyez toujours ainsi avec moi ! et si je suis tenté de Vous quitter, Vous, ô mon Dieu, ne me quittez pas ! »
Bx John Henry Newman, Méditations et Prières (VII,2), traduites par Marie-Agnès Pératé, Librairie Lecoffre, Paris, 1919. |