« Sans la charité l'homme pourrait bien faire des actes de vertu ; il n'aurait pas de vertu réelle sans l'amour de charité. Aussi le glorieux Apôtre Saint Paul disait : "J'aurais beau donner mes biens aux pauvres, livrer mon corps aux flammes, parler la langue des anges, connaître les choses futures, si je n'ai pas la charité tout m'est inutile." (Cf. 1 Co XIII,1-3) La charité aime ce que Dieu aime et déteste ce que Dieu déteste. [...] La charité rend l'âme bienveillante et aimante pour ses ennemis, pour ceux que le monde prend pour des ennemis, mais qui ne sont pas des ennemis. Ceux qui l'injurient ou lui prennent ses biens elle les traite en amis, elle les aime comme des créatures que Dieu lui commande d'aimer. Et souvent avec cet amour elle dissipe les ténèbres de la haine dans le coeur du prochain. C'est là un des signes particuliers qui montrent si l'âme est dans la charité ou non : elle ne méprise personne, mais elle supporte avec patience les défauts des autres ; elle ne s'irrite pas, mais elle est pleine de douceur. » Sainte Catherine de Sienne, Lettre au Roi Louis de Hongrie, in Mystique de Sainte Catherine de Sienne, Extraits de ses lettres présentés par le Père S. Bézine o.p., Editions Sapience, Paris, 1947. |
« La solitude intérieure est la seule véritable solitude, accessible seulement à ceux qui acceptent leur vraie situation par rapport aux autres. Il n'y a pas de paix possible pour l'homme qui s'imagine qu'un talent, une grâce ou une vertu quelconques le séparent et le placent au-dessus des autres. Solitude ne signifie pas séparation. Dieu ne nous donne ni talents, ni grâces, ni vertus pour nous seuls. Nous sommes membres d'un même Corps et tout ce qu'un membre reçoit doit bénéficier au Corps tout entier. Ce n'est pas pour que mes pieds soient plus beaux que mon visage que je les lave. Les saints sont heureux de leur sainteté, non parce qu'elle les sépare de nous et les place au-dessus de nous, mais au contraire parce qu'elle les rapproche de nous, et en un certain sens, les place au-dessous de nous. Leur sainteté leur est donnée pour qu'ils puissent nous aimer et nous servir - car les saints sont comme des médecins et des infirmières qui sont supérieurs aux malades par le fait qu'ils sont en bonne santé et savent comment les guérir, et qui cependant se font leurs serviteurs puisqu'ils consacrent cette santé et cette science à les guérir. Les saints sont ce qu'ils sont, non parce que leur sainteté les rend admirables aux autres, mais parce qu'elle leur permet d'admirer les autres. Elle leur donne une lucidité compatissante qui les aide à discerner le bien chez les plus affreux criminels. Elle les délivre du fardeau de juger les autres, de les condamner, et leur apprend à faire apparaître le bien qui est en eux par la pitié, la miséricorde et le pardon. L'homme devient saint non parce qu'il se croit différent des pécheurs, mais parce qu'il comprend qu'il est semblable à eux, et qu'ils ont tous besoin de la miséricorde de Dieu ! » Thomas Merton, Nouvelles semences de contemplation, Editions du Seuil, Paris, 1963. |
« Qui me donnera des traits assez délicats pour vous représenter les grâces pudiques, les chastes et immortelles beautés de la divine Marie ? [...] Admirez sa modestie. Dans un tel état de gloire qui surprend les hommes et les anges, elle ne se remplit pas d'elle-même, ni des pensées de sa grandeur. Renfermée dans sa bassesse profonde, elle s'étonne que Dieu ait pu arrêter les yeux sur elle. Bien loin de se regarder comme la merveille du monde, auprès de qui chacun se doit empresser, elle va chercher elle-même sa cousine Elisabeth ; et, plus soigneuse de se réjouir des avantages des autres que de considérer les siens, elle prend part aux grâces dont le ciel avait honoré la maison de sa parente. Elle célèbre avec elle les miracles qui se sont accomplis en elle-même, parce qu'elle l'en trouve instruite par le Saint-Esprit. Partout ailleurs, elle écoute et garde un humble silence. Elle conserve tout en son coeur. Ainsi, elle condamne tous ceux qui ne se sentent pas plutôt le moindre avantage, qu'ils fatiguent toutes les oreilles de ce qu'ils ont dit, de ce qu'ils ont fait, de ce qu'ils ont mérité ; et fait voir à toute la terre, par son incomparable modestie, qu'on peut être grand sans éclat, qu'on peut être bienheureux sans bruit, et qu'on peut trouver la vraie gloire sans le secours de la renommée dans le simple témoignage de sa conscience. » Bossuet, Sermon sur la Conception de la Sainte Vierge, in "L'Immaculée Vierge Mère de Dieu", Maison de la Bonne Presse, 1933. |
« A celui qui a goûté le Christ lui-même, le silence est plus cher que toute chose. » Philoxène de Mabboug (+523), Homélies, Le Cerf, 1956. |