« La palme dans le Ciel ne sera pas à l'âme la plus humble, ni la plus mortifiée, ni la plus charitable, ni même à la plus pure - mais à celle qui aura le plus aimé. Dieu ne s'informera pas précisément si vous n'avez jamais failli, mais si vous l'aimez et si vous l'aimez beaucoup. Le prix de la course n'est pas pour celui qui n'est jamais tombé mais pour celui qui a couru le plus loin. De telle sorte que (si vous n'y prenez garde, ô vous qui êtes restées pures, et si vous y travaillez de toute votre âme, ô vous qui avez failli) on verra un jour des pécheresses plus haut dans le Ciel et plus près de Dieu que celles qui seront toujours restées fidèles. Oui, cela s'est vu, cela se verra, cela se voit tous les jours. Courage donc, ô vous qui étiez tombées, relevez-vous, secouez vos chaînes et courez dans les bras du Seigneur ; et vous qui n'avez pas failli, rivalisez ici-bas d'une sainte émulation et ne vous laissez pas vaincre. Un jour vous vous étonneriez et vous diriez au Seigneur : Quoi ! Seigneur, est-ce possible ? Je vous ai toujours servi, sinon avec une grande ardeur, du moins avec fidélité, et voici que vous avez admis à une plus grande récompense, à une plus grande familiarité, des âmes qui ont été jadis souillées de crimes et d'infamies ! - Et le Seigneur vous répondra comme à Simon le Pharisien : Ma fille, m'avez-vous aimé davantage ? Beaucoup de péchés leur sont remis parce qu'elles ont beaucoup aimé. Ce qui est passé n'est plus rien ; ce qui demeure, c'est tout. Leurs péchés sont effacés, leur amour demeure. - Beaucoup de grâces leur sont faites, c'est qu'elles ont beaucoup aimé. C'est là tout aux yeux de Dieu. Etre aimé ! Etre adoré, oui ! Etre cru, oui, être obéi, oui encore, mais par-dessus tout, être aimé... Etre aimé, voilà la volonté suprême de Dieu, voilà son grand commandement résumant et comprenant tous les autres... "Aime le Seigneur ton Dieu". » Bx M. Jean-Joseph Lataste (1832-1869), extrait du Sermon sur Marie-Madeleine (II), juillet 1865, in "Prêcheur de la miséricorde", Textes présentés par Jean-Marie Gueullette o.p., Editions du Cerf, Paris, 1992. |