« O Mère de mon Dieu, ô Marie, de même qu'un pauvre mendiant se présente à une grande souveraine, ainsi je me présente à vous, qui êtes la Reine du Ciel et de la terre. Du haut de votre trône, ne dédaignez pas, je vous prie, de tourner vos yeux vers un misérable pécheur. Dieu vous a faite si riche pour secourir les pauvres, il vous a établie Reine de miséricorde pour soulager ceux qui souffrent. Regardez-moi donc, et prenez pitié de moi. Regardez-moi, et ne m'abandonnez pas que d'un pécheur vous n'ayez fait un saint. Je sais que je ne mérite rien, sinon d'être privé, à cause de mon ingratitude, de toutes les grâces que j'ai reçues du Seigneur par votre entremise. Mais vous, qui êtes la Reine de miséricorde, ce sont moins les mérites que les misères que vous cherchez, afin de secourir les nécessiteux. Or, qui est plus pauvre, plus nécessiteux que moi ? O Vierge sublime, je sais qu'étant Reine de l'univers, vous êtes par conséquent ma reine ; mais je veux plus spécialement me consacrer à votre service, pour que vous disposiez de moi à votre gré. Je vous répète donc, après saint Bonaventure (1) : Gouvernez-moi, ô ma Reine, et ne m'abandonnez pas à moi-même. Commandez-moi, disposez de moi à votre gré, châtiez-moi aussi si je vous désobéis ; les châtiments qui me viendront de votre main ne me seront que salutaires. J'aime mieux être votre serviteur que le maître du monde. Reus sum ego, salvum me fac. Acceptez-moi pour vôtre, ô Marie, et, comme vôtre, pensez à mon salut. Je ne veux plus être à moi, c'est à vous que je me donne. Si je vous ai mal servi dans le passé, négligeant tant de belles occasions de vous honorer, à l'avenir je m'unirai à vos serviteurs les plus aimants et les plus fidèles. Non, je veux que personne dorénavant ne vous honore et ne vous aime plus que moi, ô ma très aimable Reine. Ce que je promets, j'espère l'accomplir moyennant votre secours. Ainsi soit-il. » 1. Domina, me tuae dominationi volo committere, ut me plenarie regas et gubernes. Non mihi me relinque. St Alphonse de Liguori (1696-1787), Les gloires de Marie, Tome I (Ch. 1, 1 prière), Traduction nouvelle conforme au texte italien, A Paris, Chez Gaume Frères, Libraires, 1832. |