« Ah ! de sa tige d'or quand cette Fleur du ciel Tomba pour embaumer les vallons d'Israël, Que les vents étaient doux qui passaient dans les nues ! Tu vis naître, ô Saron, des roses inconnues ! Tes palmiers, ô Gadès, émus d'un souffle pur, Bercèrent, rajeunis, leurs palmes dans l'azur ! Ton cèdre, ô vieux Liban, noir d'une ombre profonde, Croyant qu'il revoyait les premiers jours du monde, Salua le soleil qui brilla sur Eden ! Le parfum oublié de l'antique jardin, Comme un cher souvenir et comme une promesse, Des enfants de l'exil adoucit la tristesse, Et de célestes voix, en chants harmonieux, Dirent ton nom, Marie, à l'univers joyeux. Terre ! oublie en un jour ton antique détresse ! O Cieux ! comme les mers, palpitez d'allégresse ! La Vierge bienheureuse est née au sein de Dieu ! Elle vole, aux clartés de l'arc-en-ciel en feu, La Colombe qui porte à l'arche du refuge Le rameau d'olivier qui survit au déluge ! Le mystique rosier va parfumer les airs ! L'Etoile matinale illumine les mers ! Saluez, bénissez, créatures sans nombre, Celle que le Très-Haut doit couvrir de son ombre, Et qui devra porter, vierge, en ses flancs bénis, Le Dieu qui précéda les siècles infinis ! » Charles Marie Leconte de Lisle (1818-1894) |
« Cette âme sainte et divine est en l'Eglise ce que l'aurore est au firmament, et elle précède immédiatement le soleil. Mais elle est plus que l'aurore, car elle ne le précède pas seulement, elle le doit porter et enfanter au monde, et donner le salut, la lumière à l'univers, et y produire un soleil d'Orient, duquel celui-ci qui nous éclaire n'est que l'ombre et la figure. La terre, qui méconnaît Dieu, méconnaît aussi cet ouvrage de Dieu en la terre. Elle naît à petit bruit, sans que le monde en parle, et sans qu'Israël même y pense, bien qu'elle soit la fleur d'Israël et la plus éminente de la terre ; mais, si la terre n'y pense pas, le ciel la regarde et la révère comme celle que Dieu a fait naître pour un si grand sujet, et pour rendre un si grand service à sa propre personne, c'est-à-dire pour le revêtir un jour d'une nouvelle nature. Et ce Dieu même qui veut naître d'elle l'aime et la regarde en cette qualité. Son regard n'est pas lors sur les grands, sur les monarques que la terre adore, mais le premier et le plus doux regard de Dieu en la terre est vers cette humble Vierge, que le monde ne connaît pas. C'est lors la plus haute pensée que le Très-Haut ait sur tout ce qui est créé. Il la regarde, la chérit, la conduit, comme celle à qui il veut se donner soi-même et se donner à elle en qualité de Fils et la rendre sa Mère. Il la comble de grâces et de bénédictions dès sa conception ; il la sanctifie dès son enfance ; il la séquestre du monde et la consacre à son temple, pour marque et figure qu'elle sera bientôt consacrée au service d'un temple plus auguste et sacré que celui-ci. Là, en sa solitude, il la garde, il l'environne de sa puissance, il l'anime de son esprit, il l'entretient de sa parole, il l'élève de sa grâce, il l'éclaire de ses lumières, il l'embrase de ses ardeurs, il la visite par ses anges, en attendant que lui-même la visite par sa propre personne ; et il rend sa solitude si occupée, sa contemplation si élevée, sa conversation si céleste, que les anges l'admirent et la révèrent comme une personne plus divine qu'humaine... » Cardinal Pierre de Bérulle, Vie de Jésus (Seconde partie des "Discours de l'Etat et des Grandeurs de Jésus"), Ed. du Cerf, 1932. |
Prière « O Marie, Vierge heureuse et bénie, permettez-moi de m'approcher de votre berceau, et de joindre mes louanges à celles que vous rendent les anges qui vous entourent, heureux d'être les témoins des merveilles de votre naissance. Agenouillé devant vous, je vous fais l'offrande de mon coeur ; Reine du ciel et de la terre, recevez-moi et gardez-moi. Je vous salue, Marie, O fruit de pureté ! La terre maudite s'étonne d'avoir pu vous produire. O Marie, pleine de grâces, vous relevez l'espoir des enfants d'Eve chassé du paradis et vous ranimez leur confiance. Au jour de votre entrée dans le monde, nous avons relevés nos fronts abattus : votre naissance annonce celle du Rédempteur, comme l'aurore annonce la venue du jour. Je vous salue, Marie, O étoile de Jacob ! Le soleil de justice va se lever, le jour de la grâce va luire, et c'est vous qui avez hâté sa venue. Vos désirs, plus ardents que ceux des patriarches et des prophètes, attirent le véritable Emmanuel dans votre sein, et c'est à vous qu'il appartiendra de nous donner le Verbe fait chair. Que vos saintes mains, O Marie, répandent dans mon coeur avec profusion l'humilité, l'innocence, la simplicité, la douceur et la charité : Que ces vertus de votre coeur saisissent le mien pour que j'appartienne avec vous au Christ, mon Seigneur, et qu'en lui je sache offrir le bien que je fais et le mal que je souffre pour la plus grande gloire de Dieu qui est le salut des pécheurs. » |
« Toute la terre, soit silencieusement, soit en chantant, acclame la Gloire du Créateur. » Saint Basile de Césarée (329-379) |