« Et il ne faut pas penser que le recueillement intérieur rende les gens oisifs, et entretienne la négligence. Un homme véritablement intérieur est plus agissant, fait plus de bien et rend plus de service à l’Église dans un jour, que cent autres qui ne sont pas intérieurs ne sauraient lui en rendre en plusieurs années, quand ils auraient beaucoup plus de talents naturels que lui. Non seulement parce que la dissipation est un obstacle aux fruits du zèle, mais parce qu’un homme qui n’est point intérieur et qui cependant travaille beaucoup, c’est un homme qui tout au plus agit pour Dieu, au lieu que par le moyen du recueillement, c’est Dieu lui-même qui agit par cet homme. C’est-à-dire qu’une personne qui ne vit pas dans le recueillement intérieur peut avoir Dieu pour motif de ses actions, mais l’humeur, l’amour-propre et le naturel ont d’ordinaire le plus de part à ses bonnes œuvres ; au lieu qu’une personne recueillie, toujours attentive à soi et à Dieu, toujours sur ses gardes contre les saillies du naturel et les artifices de l’amour-propre, n’agit que pour Dieu seul et selon l’impression et la conduite de l’esprit de Dieu. » Jean Croiset (1656-1738), La Dévotion au Sacré-Cœur, Lyon, 1691, II, IV. |