« Que l'on se garde de la colère, ou si l'on ne peut d'avance s'en garder, qu'on la contienne ; l'irritation est en effet mauvaise conseillère de péché, elle qui bouleverse l'âme au point de ne pas laisser de place à la raison. La première chose est donc, si cela peut se faire, que le calme du caractère devienne une seconde nature, par une sorte d'habitude, par manière d'être, par résolution. Ensuite, puisque, la plupart du temps, la passion se trouve ancrée dans la nature et le caractère à ce point qu'on ne peut l'arracher ni l'éviter : si l'on a pu la prévenir, qu'on la réprime par la raison ; ou bien si l'âme a été envahie par l'irritation avant qu'elle ait pu, grâce à la réflexion, la prévoir et la prévenir afin de n'être pas envahie, réfléchis à la manière de vaincre la passion de ton âme, d'apaiser ta colère. Résiste à la colère si tu peux, retire-toi si tu ne peux pas, car il est écrit : « Faites place à la colère. » Jacob se retira avec bonté devant son frère qui était irrité et, fort du conseil de Rebecca, c'est-à-dire de la patience, il préféra vivre au loin et séjourner en pays étranger plutôt que d'exciter l'irritation de son frère, puis revenir quand il pensa son frère apaisé. Et c'est pour cette raison qu'il trouva si grand crédit près de Dieu. Par quels hommages ensuite, par combien de présents se réconcilia-t-il son frère lui-même, en sorte que celui-ci ne se souvint pas de la bénédiction dérobée, mais se souvint de la compensation offerte ! Par conséquent si la colère a déjà surpris et envahi ton âme et si elle a monté en toi, n'abandonne pas ton rôle. Ton rôle est la patience, ton rôle est la raison ; la sagesse est ton rôle, ton rôle est de calmer l'irritation. Ou alors si l'opiniâtreté de qui te répond, t'a troublé et si son outrance t'a poussé à l'irritation, si tu n'as pu apaiser ton âme, retiens ta langue. Il est écrit en effet : « Garde ta langue du mal et que tes lèvres ne profèrent pas la tromperie », puis : « Recherche la paix et poursuis-la. » Vois cette paix du saint Jacob, quelle grandeur. D'abord, tâche de calmer ton âme ; si tu n'as pas eu le dessus, mets un frein à ta langue ; ensuite n'omets pas de chercher la réconciliation. [...] Si vous vous mettez en colère, mettez-vous en colère contre vous-mêmes parce que vous avez été emportés, et vous ne pécherez pas. Celui en effet qui se met en colère contre soi-même, parce qu'il a vite été troublé, cesse de se mettre en colère contre autrui ; tandis que celui qui veut prouver la justesse de sa colère, s'enflamme davantage et tombe vite en faute. Or « mieux vaut » selon Salomon « l'homme qui contient sa colère que celui qui prend une ville » parce que la colère abuse même les gens courageux. » St Ambroise, Traité des devoirs, Livre I, La colère (extraits). |
« C‘est l’ardeur à l’étude qui fait d’abord la noblesse du maître. Quoi de plus noble que la mère de Dieu ? Quoi de plus splendide que celle-là même qu’à choisie la splendeur ? Quoi de plus chaste que celle qui a engendré le corps sans souillure corporelle ? Et que dire de ses autres vertus ? Elle était vierge, non seulement de corps, mais d’esprit, elle dont jamais les ruses du péché n’ont altéré la pureté : humble de cœur, réfléchie dans ses propos, prudente, avare de paroles, avide de lecture ; elle mettait son espoir non dans l’incertitude de ses richesses, mais dans la prière des pauvres ; appliquée à l’ouvrage, réservée, elle prenait pour juge de son âme non l’homme, mais Dieu ; ne blessant jamais, bienveillante à tous, pleine de respect pour les vieillards, sans jalousie pour ceux de son âge, elle fuyait la jactance, suivait la raison, aimait la vertu. Quand donc offensa-t-elle ses parents, ne fût-ce que dans son attitude ? Quand la vit-on en désaccord avec ses proches ? Quand repoussa-t-elle l’humble avec dédain, se moqua-t-elle du faible, évita-t-elle le miséreux ? Elle ne fréquentait que les seules réunions d’hommes où, venue par charité, elle n’eût pas à rougir ni à souffrir dans sa modestie. Aucune dureté dans son regard, aucune licence dans ses paroles, aucune imprudence en ses actes ; rien de heurté dans le geste, de relâché dans la démarche, d’insolent dans la voix ; son attitude extérieure était l’image même de son âme, le reflet de sa droiture. Une bonne maison doit se reconnaître à son vestibule, et bien montrer dès l’entrée qu’elle ne recèle pas de ténèbres ; ainsi notre âme doit-elle, sans être entravée par le corps, donner au dehors sa lumière, semblable à la lampe qui répand de l’intérieur sa clarté. » St Ambroise, De Virginibus (extrait), in R.P. Régamey, "Les plus beaux textes sur la Vierge Marie", Editions du Vieux Colombier - La Colombe, Paris, 1941. |