« Frères, qui donc serait assez perfide et assez forcené dans sa passion de discorde, pour s'imaginer qu'on puisse mettre en cause, et pour oser lui-même déchirer l'unité de Dieu, le vêtement du Seigneur, l'Eglise du Christ ? (cf. Jn 19,24) Dans son évangile, Dieu ne fait-il pas entendre cet avertissement : "Il n'y aura qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur" ? (Jn 10,16) Quelqu'un pense-t-il après cela que dans un même lieu, il puisse y avoir normalement plusieurs pasteurs et plusieurs troupeaux ? Voyez comment l'Apôtre Paul nous recommande pareillement cette unité : "Mes frères, je vous en conjure au Nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, ayez tous le même langage, ne souffrez pas parmi vous les divisions. Soyez tous unis dans le même esprit et dans les mêmes sentiments... vous supportant mutuellement avec charité, vous efforçant de conserver l'unité de l'Esprit par le lien de la paix" (1 Co 1,10 et Ep 4,2-3). Vous donc, pensez-vous rester debout et vivre encore, si vous abandonnez l'Eglise, pour établir ailleurs votre demeure, pour éloigner d'elle votre foyer ? A propos de la Pâque n'est-il pas dit dans l'Exode que l'agneau dont l'immolation signifie celle du Christ doit être mangé dans une même maison ? (Ex 12,46) La chair du Christ, la chose sainte du Seigneur, pas plus que la chair de l'agneau, on ne peut la jeter dehors. Pour les croyants, il n'y a donc pas d'autre demeure que l'Eglise... » Saint Cyprien (IIIe siècle), De l'unité de l'Eglise catholique, Trad. Pierre de Labriolle, Paris, Ed. du Cerf, 1942. |