« Soyons charitables pour tous les défunts qui sont en purgatoire. N'en exceptons aucun, car ils sont tous nos frères en Jésus-Christ : comme nous, ils ont tous Dieu pour Père, l'Eglise pour Mère, et le Ciel pour héritage. Mais pour exciter notre dévotion, de temps en temps appliquons nos suffrages à telle ou telle catégorie de défunts, selon l'inspiration du Saint-Esprit. Soyons charitables pour les âmes les plus abandonnées, afin d'abréger le temps de leur expiation ; ou pour les âmes qui doivent les premières sortir du purgatoire, afin qu'au plus tôt elles aillent glorifier Dieu dans le ciel. Soyons charitables spécialement pour les pauvres, parce qu'ils sont ordinairement délaissés ; ou pour les riches, parce qu'ils ont beaucoup à expier, à cause des occasions qui ont été pour eux des pierres d'achoppement. Soyons charitables particulièrement pour les défunts qui ont eu les mêmes dévotions que nous, ou pour les religieux ou les ecclésiastiques, parce qu'après leur mort ils sont ordinairement privés de suffrages, sous prétexte qu'ils ont beaucoup prié pendant leur vie. Soyons charitables même pour ceux qui sont morts sans recevoir les sacrements, après une vie passée en dehors des pratiques religieuses. Souvenons-nous que la Rédemption du Sauveur est infinie ; qu'il suffit d'un instant pour opérer la justification ; que plus fréquemment que nous le pensons, Dieu, sollicité par des intercessions inconnues, envoie de ces éclairs de charité et de contrition qui sanctifient au dernier moment, même sans la réception des Sacrements. Souvenons-nous, pour notre consolation, de cette touchante exhortation d'un grand Docteur, de S. Jean Chrysostome au peuple de Constantinople. « Je pleure, dites-vous, je pleure ce cher défunt, parce qu'il est mort en pécheur. Sachez-le, vous devez précisément aller à son secours, dans toute la mesure du possible, non par des larmes, mais par des prières, des supplications, des aumônes, des sacrifices. ce n'est pas en vain que dans les divins mystères nous faisons mémoire des défunts ; ce n'est pas en vain que pour eux nous nous approchons de l'autel, que nous prions l'Agneau qui est sous nos yeux, qui efface les péchés du monde et qui nous console dans l'affliction ; ce n'est pas en vain que l'Officiant nous provoque tous à la supplication pour tous les chrétiens défunts. Montrons-nous donc empressés à secourir nos chers morts ; intercédons pour eux. Il peut se faire que nous leur obtenions un pardon complet. Pourquoi donc gémir, pourquoi vous désoler, pourquoi vous lamenter quand vous avez tant de pouvoir en faveur de vos trépassés ? (*) » » (*) : Homil. XLI, in Epist. I ad Corinth. Chanoine Ch. Roland, Le Vestibule du Paradis ou Le Purgatoire (L. III ch. III, III), Aux bureaux de l'Ami du Clergé, Langres, 1922. |