« Quand on veut aimer Dieu, il faut avoir le courage de s'oublier soi-même et se livrer à Lui sans calcul, sans arrière-pensée. L'âme doit se plonger en Dieu comme la pierre qu'on jette dans l'abîme. On sait bien que cette pierre ne reviendra plus jamais à la surface, qu'elle est perdue à jamais, pour tout usage humain. Ainsi l'âme se jette en Dieu, s'abandonnant à sa Providence, se livrant à son action, sachant qu'elle ne pourra plus prendre aucune satisfaction en elle-même, ni pourvoir à ses propres intérêts. Elle sait seulement que cet abîme dans lequel elle se plonge est un Dieu infiniment bon, sage et puissant, qui s'occupe de son salut avec plus de perfection qu'elle ne saurait le faire elle-même. Ainsi l'âme s'efforce de donner à son acte toute l'intensité et toute la pureté dont il est susceptible. Ce travail d'élimination et d'épuration se fait paisiblement au fond de l'âme, sans contention d'esprit, sans effort d'imagination. L'âme prend tranquillement possession de toute sa volonté, en coordonne toutes les énergies, en élague tous les éléments étrangers, puis se livre à Dieu par un ardent et profond acte d'amour. » Jos. Schrijvers, C.SS.R., Le don de soi, Librairie Albert Dewit, Bruxelles, 1926. |