« Voyez ce qui se passe sur la terre : une bonne mère n'attend pas, pour venir au secours de son fils, qu'il ait jeté le cri d'alarme. Puis, dans nos familles, si un de nos frères quitte la maison paternelle pour vivre au gré de ses passions, quelquefois le père le maudit, les autres enfants le plaignent ; mais enfin ils laissent partir leur frère, et, au bout de quelque temps, ils l'ont oublié. La mère seule ne le perd pas de vue ; elle sait où va son pauvre prodigue, elle sait ce qu'il fait, ce qu'il devient ; elle lui envoie en secret des secours, elle lui écrit de touchantes lettres, elle lui adresse de sages conseils, elle presse son retour, elle l'encourage et excite ses espérances de pardon. « Je préparerai le coeur de ton père, lui dit-elle ; je suis assurée du succès. Ô mon fils ! ne repousse pas les sollicitations de ta mère. Viens, viens consoler la vieillesse de ton père, viens empêcher ta mère de mourir de douleur.. » Admirables avances de l'amour maternel !... M.F., c'est bien là votre image, et c'est bien là ce que fait pour vous le Coeur de la T. Ste Vierge. Représentez-vous un pécheur, tel que S. Augustin se dépeint lui-même ; un homme ne recherchant que le monde et les plaisirs ; un homme engagé dans un commerce honteux, livré aux plus funestes plaisirs ; un homme qui, à la vérité, gémit quelquefois sur son état et essaie d'en sortir, mais qui, à cause de sa faiblesse, reste plongé dans ses égarements ; un homme souillé par l'impureté, dévoré d'ambition et de vengeance. Voilà l'homme que je suppose : il est assez coupable comme cela ? est-il assez couvert d'iniquités ? Eh bien, je dis, et sans la moindre hésitation, que si cet homme, ce pécheur si endurci, si cet homme prie la Ste Vierge de toute son âme, s'il la conjure d'obtenir de Dieu pour lui cette conversion, cette résurrection morale, qu'il ne se sent pas le courage d'entreprendre et qu'il ne saurait poursuivre par lui-même avec assez de persévérance, je dis que Marie ne le repoussera pas ; je dis plus, je dis qu'elle lui obtiendra des grâces qui, à la vérité, ne forceront pas sa liberté, mais qui seront tellement fortes, tellement efficaces, que ce pauvre pécheur sera sauvé. » Mgr Alfred Duquesnay, Archevêque de Cambrai (1814-1884), Le Saint Coeur de Marie (extrait), in "Choix de Discours et Allocutions des plus célèbres orateurs contemporains sur la Très Sainte Vierge" par l'Abbé J. Guillermain, Tome II, Paris, Bloud et Barral, s.d. [1892]. Mgr Duquesnay fonda, alors qu'il était encore curé de Saint-Laurent à Paris, l'Archiconfrérie de Notre-Dame des Malades, ainsi qu'un dispensaire gratuit pour les pauvres (1858). Son oeuvre fut interrompue par la Commune en 1870. |