« L'amour du prochain est l'amour qui descend de Dieu vers l'homme. Il est antérieur à celui qui monte de l'homme vers Dieu. Dieu a hâte de descendre vers les malheureux. Dès qu'une âme est disposée au consentement, fût-elle la dernière, la plus misérable, la plus difforme, Dieu se précipite en elle pour pouvoir, à travers elle regarder, écouter les malheureux. Avec le temps seulement elle prend connaissance de cette présence. Mais ne trouverait-elle pas de nom pour la nommer, partout où les malheureux sont aimés pour eux-mêmes, Dieu est présent. [...] Dans l'amour vrai, ce n'est pas nous qui aimons les malheureux en Dieu, c'est Dieu en nous qui aime les malheureux. Quand nous sommes dans le malheur, c'est Dieu en nous qui aime ceux qui nous font du bien. La compassion et la gratitude descendent de Dieu, et quand elles s'échangent en un regard, Dieu est présent au point où les regards se rencontrent. Le malheureux et l'autre s'aiment à partir de Dieu, à travers Dieu, mais non pas pour l'amour de Dieu ; ils s'aiment pour l'amour l'un de l'autre. Cela est quelque chose d'impossible. C'est pourquoi cela ne s'opère que par Dieu. » Simone Weil (1909-1943), Attente de Dieu, Paris, La Colombe, 1950. |
« L'Esprit Saint réclame un honneur qui lui soit propre. Nous devons donc avoir pour lui une très haute estime en tant que Dieu et avoir un très grand désir de le recevoir. [...] Oh ! quelle grande bonté est la sienne et quel grand amour, quand devant nos péchés il ne se retire pas de notre âme, mais y demeure pour ainsi dire captif ! Oh ! si nous avions une connaissance suffisante de la gravité et de la laideur de nos péchés, avec quelle peine nous supporterions de contrister l'Esprit Saint (Ep 4,3) par une faute, si légère soit-elle ! » Cardinal Pierre de Bérulle (1575-1629), Conférence, juin 1612, in "Oeuvres Complètes" tome 1, Le Cerf, 1995. |