« Je découvre la voie de la perfection, et je vois clairement ce que je dois faire. Mais, accablé du poids de ma corruption, je ne m'élève à rien de parfait. Oh ! que votre grâce, Seigneur, m'est nécessaire, pour commencer le bien, le continuer et l'achever ! Car sans elle je ne puis rien faire ; mais je puis tout en vous, quand votre grâce me fortifie. O bienheureuse grâce, qui rendez riche en vertus le pauvre d'esprit, et celui qui possède de grands biens humble de coeur ! Venez, descendez en moi, remplissez-moi dès le matin de votre consolation, de peur que mon âme, épuisée, aride, ne vienne à défaillir de lassitude. J'implore votre grâce, ô mon Dieu ! Je ne veux qu'elle ; car votre grâce me suffit, quand je n'obtiendrais rien de ce que la nature désire. Elle enseigne la vérité et règle la conduite ; elle est la lumière du coeur, et sa consolation dans l'angoisse ; elle chasse la tristesse, dissipe la crainte, nourrit la piété, produit les larmes. Que suis-je sans elle, qu'un bois sec, un rameau stérile qui n'est bon qu'à jeter ? "Que votre grâce, Seigneur, me prévienne donc et m'accompagne toujours ; qu'elle me rende sans cesse attentif à la pratique des bonnes oeuvres : je vous en conjure par Jésus-Christ, votre Fils. Ainsi soit-il." » Imitation de Jésus-Christ, L. III, chap. LV. |
O mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité ! Que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère. Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos ; que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre action créatrice. O mon Christ aimé crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre cœur ; je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer... jusqu'à en mourir ! Mais je sens mon impuissance et je Vous demande de me revêtir de Vous-même, d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre Âme ; de me submerger, de m'envahir, de Vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre Vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur. O Verbe éternel, parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à Vous écouter, je veux me faire tout enseignable afin d'apprendre tout de Vous ; puis, à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière. O mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement. O Feu consumant, Esprit d'amour, survenez en moi afin qu'il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe ; que je Lui sois une humanité de surcroît, en laquelle il renouvelle tout son mystère. Et vous, ô Père, penchez-Vous vers votre pauvre petite créature, ne voyez en elle que le Bien-aimé en lequel Vous avez mis toutes vos complaisances. O mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, je me livre à Vous comme une proie ; ensevelissez-vous en moi, pour que je m'ensevelisse en Vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs. Bienheureuse Elisabeth de la Trinité |
« Il me semble que rien ne dit plus l'amour qui est au Coeur de Dieu que l'Eucharistie : c'est l'union, la consommation, c'est lui en nous, nous en lui, et n'est-ce pas le ciel sur la terre ? Le ciel dans la foi en attendant la vision du face-à-face tant désirée. » Bienheureuse Elisabeth de la Trinité, Lettre 165, in "Oeuvres complètes", Le Cerf, 1991. |